CAIRN.INFO : Matières à réflexion
On ne doit plus être simplement dans la question : « Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? », mais dans la question : « Qu’est-ce que je fais de ma vie ? ». C’est à partir de cette distinction qu’on peut construire des politiques de temps de vie depuis l’accompagnement de la naissance jusqu’à l’accompagnement de la mort, des politiques centrées sur la promotion de ce qu ‘Amartya Sen appelle les « capabilités humaines », les potentialités créatrices qui sont présentes dans tout être humain. […] Il faut sortir d’une économie de production pour aller vers une économie de contribution.
(Patrick Viveret, interview réalisée pour M3, n° 3, 2012)

Introduction

1Le scénario que nous désignons par la notion de société multiactive renvoie à un régime d’activité de type nouveau. L’ancien est celui dans lequel nous vivons encore aujourd’hui : c’est un régime qui se caractérise par l’adossement de la définition de l’activité à un et un seul signifiant : l’emploi. Ce référentiel d’organisation du régime d’activité est encore dominant, même s’il s’essouffle. Cela dit, et notre article s’appuie sur des signes avant-coureurs qui l’attestent, il semble qu’on puisse émettre une hypothèse sur le sens d’un changement à l’œuvre : le basculement d’un régime dont le principe structurant est la monoactivité (et qui s’exprime par le paradigme de l’emploi dont la figure forte est le salaire décent socialisé), vers un régime alternatif dont le principe structurant est la multiactivité (et qui s’exprime par « un autre » paradigme dont la figure forte est le revenu décent socialisé).

2Cette hypothèse est issue d’une double aporie que révèle une analyse de genre : d’une part, la persistance des inégalités homme/femme et l’impossible conciliation vie professionnelle/vie familiale, en dépit des nombreuses initiatives de changement ; d’autre part, l’absence de consensus sur des modèles alternatifs de « contrats de genre », un champ pourtant très travaillé dans les études féministes.

3Cette double aporie nous a poussés à penser l’avenir dans une démarche prospective : celle qui part du constat qu’aucune mesure ne s’est vraiment attaquée aux fondements du système d’organisation sociétale du Xxe siècle, et qu’il est peut-être heuristique de repartir de ce constat pour sortir la réflexion des impasses théoriques. Si l’on prend au sérieux ce constat, on devine alors que, sans redéfinition de fond, toute mesure peut « corriger » certaines discriminations entre hommes et femmes – en en gommant les aspects les plus délétères – mais en aucun cas ne peut « déconstruire » la dynamique inégalitaire.

4Reprenant à notre compte la nécessité d’une réelle disruption, nous proposons donc ici une figure alternative de l’organisation sociétale : la société multiactive, qui s’enracine dans des pratiques individuelles et institutionnelles innovantes déjà à l’œuvre pour la plupart.

1. Les fondements traditionnels de la relation Travail/Famille

5Dans les années 1990, les travaux sur les États-Providence – et dans leur sillage la critique féministe de ces travaux  (1) – ont largement montré que, du régime d’activité au régime de protection sociale en passant par le régime de temporalité, les principes d’organisation de toutes les sociétés industrielles développées du Xxe siècle se sont organisés autour de la division sociale et sexuée du travail productif et reproductif. Cela dit, parler de fondements traditionnels de la relation Travail/Famille sans y introduire les diversités des modes de développement et d’interdépendance (économique, technologique, environnementale, culturelle ou sociale) des pays et des individus, peut prêter le flanc à la critique : les pays n’ont bien sûr ni la même histoire ni les mêmes référentiels d’organisation. Penser la place des femmes dans ces pays oblige alors à tenir compte de leur diversité historique, géographique et sociale. C’est pourquoi nous adosserons nos réflexions à la fois aux théories féministes classiques, mais aussi à celles plus récentes du développement et – du point de vue de ce qui nous intéresse ici plus particulièrement – à la « théorie des trois rôles » de Caroline Moser (1989).

6Ces précautions étant posées, que peut-on dire des fondements traditionnels de la relation Travail/Famille ?

1.1. Le triple rôle : des activités contraintes et/ou nécessaires à la vie en société, universelles

7Caroline Moser définit trois « rôles » structurants de base inhérents au fonctionnement des sociétés humaines contemporaines :

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  • le rôle productif, qui renvoie au travail exécuté contre paiement en nature ou en espèces. Ce rôle est accordé pour ceux ou celles qui produisent des marchandises ayant une valeur d’échange ; et, à la marge, pour ceux ou celles qui produisent des biens ou services de subsistance ou domestiques qui ont une valeur d’usage, mais aussi une valeur d’échange potentielle.
  • le rôle reproductif, qui renvoie : à la responsabilité de mettre au monde et d’élever les enfants ; aux tâches domestiques qui sont nécessaires pour que soient garantis l’entretien et la reproduction biologique ; aux soins et à l’entretien de la force de travail des membres du ménage en âge actif (et aussi de la future force de travail, bébés et enfants) ;
  • le rôle communautaire, qui renvoie aux activités d’administration de la communauté et assure à celle-ci services, cohésion et liens sociaux.

9Chaque société industrielle avancée a frayé son chemin à travers l’histoire et présente aujourd’hui des spécificités d’agencements de ces trois rôles. En même temps, l’accélération des processus d’interdépendance, issue des phénomènes conjoints de globalisation et de mondialisation, a précipité dans la modernité la plupart des pays du monde au cours du Xxe siècle. Finalement, si majoritairement les pays occidentaux du Nord ont développé des sociétés salariales constituées d’États sociaux de type providentiel, et si majoritairement les pays du Sud ont maintenu des sociétés mixtes (à fortes composantes d’activités informelles couplées à des logiques de protections prioritairement communautaires), toutes les sociétés se sont organisées autour d’un certain nombre d’invariants communs en matière d’agencement des rôles et de subordination des femmes dans les « rapports Travail/Famille » (pour, il est vrai, reprendre ici des catégories occidentales). Mais, au-delà de la rhétorique, nous pensons pouvoir traiter de ces rapports de manière globale, sans tomber dans ce que certains appellent l’ethnocentrisme du féminisme occidental dominant.

1.2. Des invariants dans les principes organisationnels qui structurent la relation Travail/Famille

10Quels que soient les rythmes et modèles de développement des pays ou continents, les sociétés modernes se sont organisées autour d’un certain nombre d’invariants communs.

Une polarisation progressive des activités dans des catégories d’espaces distincts.

11Encastrés les uns dans les autres dans les économies primaires, les espaces d’exercice des activités de production, de reproduction et de liens vont s’éloigner les uns des autres puis se séparer, au rythme de l’organisation industrielle de la production (Kanter, 1977). Les activités de production vont alors se concentrer hors des domiciles pendant que celles liées au soin et à la subsistance vont disparaître dans l’invisibilité du privé. Parallèlement, plus l’État social accompagne la modernisation des économies, plus les activités dites « communautaires » de liens et de cohésion sociale seront remplies par l’État. A contrario, moins les pays seront « développés », plus les espaces d’activité de production domestique et de production marchande resteront poreux. Reste que, partout, les espaces d’activité se désencastrent, et que partout la valeur d’un bien se mesure à l’aune de la polarisation progressive des activités dans des catégories d’espaces distincts.

Une valeur à géométrie variable des activités de production et de reproduction.

12La « séparation » entre le lieu de production et le lieu de reproduction dans deux catégories distinctes (sphère professionnelle associée à l’espace public économique, et sphère familiale associée à l’espace privé non économique) va imprimer une hiérarchisation de la reconnaissance des activités et de la valeur des biens produits dans chacun des espaces. L’espace professionnel sera reconnu comme économique et producteur de plus-values et, à ce titre, légitimera une rémunération au travailleur ; en revanche, l’espace familial va perdre de sa visibilité, et la valeur des activités y attenant ne sera guère reconnue au-delà de leur dimension affective et de leur valeur d’usage. Dès lors, dans les pays dits développés, toute production dans l’espace du foyer perdra de sa valeur productive, et celui ou celle qui s’y active glissera du statut de « travailleur » à celui de « parent » (Vielle, 2001). Dès lors aussi, dans les pays en développement, la production dans l’espace familial n’a plus qu’une valeur d’usage et, si elle est excédentaire et échangée, elle ne mobilisera que rarement une médiation monétaire (Kabeer 1992).

Un adossement des régimes d’organisation à une solide division sexuée instituée.

13L’accumulation d’expertises et de recherches féministes a montré que partout, la différence homme-femme a été instrumentalisée pour justifier des assignations sexuées de rôles, des hiérarchies de valeurs et des figures inégalitaires de reconnaissance (Paterman, 1988). Elles ont aussi montré que, dans tous les pays, ces organisations sociales se sont instituées dans des contrats sociaux de genre fondés sur la subordination sociale du féminin au masculin, qui s’incarnent ensuite dans des institutions inégalitaires et discriminantes (supports légaux, normes de reconnaissance, coutumes, routines (Nicole-Drancourt, 2014)). Au-delà de la variance des traditions locales, ces contrats sociaux sont aujourd’hui un des grands dénominateurs communs aux arrangements institués de la reconnaissance sociale dans toutes les sociétés (des sociétés postindustrielles aux sociétés en voie de développement en passant par les sociétés en transition). Ces arrangements ont tous en commun d’affecter les femmes et les hommes à des tâches et à des responsabilités spécifiques qui, avec les processus progressifs de polarisation et de hiérarchisation des espaces d’activité, vont faire basculer les unes et les autres dans des rôles asymétriquement reconnus socialement, économiquement et symboliquement.

1.3. Une fiction impensée, celle du régime monoactif des sociétés salariales dans un environnement où le « reste à faire » hors travail disparaît…

14Ce sont ces invariants qui vont fonder la grammaire universelle des langages sociaux sur la famille, le travail, le hors travail, l’utile, l’inutile, le productif, le non productif, l’activité, l’inactivité… et aussi le sens qui sera attribué à toutes ces catégories. Mais surtout, ce sont ces invariants qui vont imposer dans l’imaginaire social une double fiction que partout des normes, des lois et des règles vont instituer.

D’une part, la fiction d’une société salariale monoactive où l’emploi joue le rôle de grand intégrateur.

15La progressive suprématie des activités dites productives sur toutes autres formes de production a constitué la base de la définition du régime d’activité, tant dans les sociétés salariales de première modernité des pays riches que dans les sociétés présalariales des pays plus pauvres. Par conséquent, seule la sphère marchande est définie comme une sphère productrice de valeurs économiques (reconnues dans le PIB) et pourvoyeuse de revenu direct (le salaire) ou indirect (la sécurité sociale). Le principe structurant de cette organisation est le « paradigme de l’emploi typique » : celui où la figure forte est le travailleur libre et disponible à plein temps tout au long de la vie dite active pour la sphère de production ; où la reconnaissance du travail passe par le salaire socialisé dont les droits dérivés sont pensés d’abord en référence aux femmes ; et où la vision de l’économie exclut toutes les activités qui ne sont pas définies en termes de valeur marchande. Avec cette notion moderne de « travail » adossée au paradigme de l’emploi typique, une fiction s’est imposée : celle qui définit la société salariale par le principe structurant d’une « monoactivité ». Ce phénomène a conduit le sens commun à penser les temps sociaux dans une dichotomie tout autant fictionnelle : celle de travail/hors travail au mieux… travail/loisirs ou activité/inactivité au pire. Dans ce partage disparaît totalement le fait que des activités lourdes et chronophages s’exercent autour des nécessaires sphères domestiques et communautaires. Supportées essentiellement par des femmes et par leurs prestations considérées comme dons, comme dues, comme gratuites, ces activités n’entament pas la conviction qu’elles sont supplétives à un régime (la monoactivité) qui se suffit à lui-même. Or il n’en est rien : la production domestique et communautaire ne cesse de se perpétrer, voire d’augmenter, avec les phénomènes liés à l’allongement des âges de la vie (qui multiplient la demande de soins) et ceux liés à l’avènement de la société du risque (qui multiplie la demande d’accompagnement tout au long de la vie). Ces activités de soins et de cohésion sociale mobilisent pourtant, dans le monde entier, de multiples formes de contributions (travail informel, bénévolat, volontariat, échanges de services, dons, services gratuits, etc.) dont rien – ou presque rien – n’offre aujourd’hui quelque cadre de reconnaissance sociale à la hauteur de leur utilité.

D’autre part, l’illusion d’un « reste à faire » qui s’épuise et disparaît.

16Évoquer le déni de reconnaissance des activités dans le hors travail se heurte souvent à l’incrédulité de celles et ceux qui pensent que les pays riches ont trouvé (ou sont en passe de trouver) la solution, grâce aux nombreux droits civiques et sociaux conquis par les femmes et grâce aux politiques women friendly qui permettent aux services publics ou socialisés de prendre en charge les activités hors travail. Il est donc nécessaire de revenir sur le fait qu’en dépit de ces acquis, le « reste à faire » demeure colossal, et sa prise en charge reste assignée aux femmes en dépit de la généralisation de leur participation au marché de l’emploi. En France, en 2010, l’INSEE chiffrait en effet ce « reste à faire » à 60 milliards d’heures, soit près de deux fois plus que le temps de travail lié à la production marchande qui, la même année, s’élevait à 38 milliards d’heures cumulées (Roy, 2012). De surcroît, on a coutume d’entendre que dans les pays d’Europe occidentale et continentale, le rôle communautaire est en grande partie rempli par l’État : c’est oublier un peu vite que le contexte de crise des États – Providence des pays riches alourdit les démarches sociales des familles  (2), et essentiellement celles des mères dans les milieux modestes, qui ont pour objectif de pallier aux services et/ou infrastructures publics de base inadéquats ou en déclin (Collectif Rosa Bonheur, 2017). C’est oublier enfin que dans les pays pauvres, la faiblesse des États sociaux impose des activités communautaires massives, et que celles-ci sont souvent une extension des « rôles productifs » des femmes entrepris pendant le temps « libre » – et donc fréquemment du travail volontaire non payé  (3).

17Reste que dans les pays pauvres, à défaut d’être socialement reconnues, ces activités sont répertoriées dans les grilles d’analyse et les expérimentations des programmes de soutien au développement, et qu’à ce titre elles s’affichent comme telles (Kabeer, 1992) … contrairement à leur invisibilité dans les pays développés. On voit donc ici combien l’approche dite des trois rôles (productif, reproductif et communautaire) est utile pour rendre compte des fondements traditionnels de la relation Travail/Famille sur lesquels se sont construits l’organisation des sociétés contemporaines ; et, en même temps, combien la théorie féministe occidentale et les théories du women friendly occultent le résiduel croissant des activités communautaires et la fiction de la réduction du « reste à faire ».

2. Rester ou ne pas rester dans la fiction : telle est la question !

2.1. Le modèle entre en crise…

18Hormis leur nature profondément inégalitaire en matière de citoyenneté et d’égalité entre hommes et femmes, les fondements traditionnels de la relation Travail/Famille pouvaient se justifier par leur efficacité : le modèle du « male breadwinner/female carer » (Crompton, 1999) permet en effet la conciliation des activités productives et des activités reproductives, par la différentiation et la complémentarité des investissements sociaux masculins et féminins. Mais depuis quelques décennies, ce modèle bat de l’aile, bousculé par l’évolution du monde.

19En effet, le développement croissant et persistant de l’activité professionnelle des femmes, la lutte contre les inégalités, la précarisation des emplois, la flexibilisation du temps de travail, l’injonction à la mobilité géographique, la diversification des modèles familiaux, l’individualisation des conduites, la quête de l’épanouissement personnel, la reconfiguration des frontières spatiotemporelles par les technologies de l’information et de communication… sont autant de dimensions qui rétrécissent la disponibilité des femmes et limitent l’offre de care traditionnellement assurée par leur assignation à ces tâches. Parallèlement, dans un mouvement contradictoire, le vieillissement de la population, la désinstitutionalisation des lieux de soins, le choix du maintien à domicile, l’injonction à la bonne parentalité, le droit au bien-être des enfants, le rétrécissement des réseaux d’entraide intrafamiliaux et communautaires… sont autant de dimensions qui augmentent la demande de care.

20On assiste donc tout à la fois à l’émergence d’une rareté de l’offre de care au moment où les évolutions sociales et démographiques des sociétés tendent à augmenter les charges et la demande de care, et cela sans modèle alternatif de prise en charge par le marché ou les services publics. C’est de ce mouvement contradictoire qu’émerge la « crise du care » (Falquet et al., 2010), qui s’affiche à travers de multiples alertes (au regard de l’effondrement des taux de natalité dans certains grands pays développés, de la pauvreté des mères isolées, de la baisse des taux d’activité des mères). Sans oublier : les indignations à l’égard du déni de droit des enfants des mères actives dans les métiers du care et qui exercent dans leurs pays ou qui émigrent loin de chez elles (Hochschild, 2003 ; Merla, Baldassar, 2010) ; les insatisfactions – celles des femmes actives ou inactives débordées sur lesquelles repose essentiellement l’exercice du care (Pailhé, Solaz, 2006) ; les critiques – celles des usagers des soins et celles des prestataires de soins à l’épreuve des identités professionnelles et des conditions de travail et d’emploi des prestataires du care (Molinier, 2005).

21Si les fondements traditionnels de la relation Travail/Famille pouvaient se justifier par leur adéquation aux choix d’organisation sociétale des xixe et xxe siècles, la « crise du care » du xxie siècle est donc l’une des expressions majeures des contradictions qui minent la cohérence du modèle de conciliation dans de nombreux pays du monde (au Nord comme au Sud).

2.2. Les institutions se mobilisent…

22Les institutions supranationales et les gouvernements ne sont pas restés muets… mais sans pour autant proposer un modèle alternatif de prise en charge des activité liées au lien social et à la reproduction. En Europe par exemple, la Commission européenne prend des initiatives importantes, notamment en matière de régulation supranationale, telle que l’emblématique directive sur le congé parental (Fusulier, 2009). Dès lors, dans les pays traditionnellement porteurs de politiques familiales (tels la France, la Suède, les Pays-Bas ou la Belgique), et dans les pays peu dotés ou dotés récemment de ces politiques (tels l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne), se sont mis en place des dispositifs légaux et extralégaux pour lever les obstacles à l’insertion professionnelle des mères et pour inciter les pères à participer aux charges de la vie domestique et familiale. Parallèlement, dans les pays émergents (tant dans les ex-États communistes que dans les nouvelles économies où l’État social est en construction), nombre de dispositifs se mettent en place pour répondre aux nouveaux besoins (Heinen et al., 2009).

23La récente crise économique et financière ne remettra en cause ni l’orientation générale ni les efforts en matière de politiques d’égalité entre hommes et femmes dans l’emploi et la famille. En France, les pouvoirs publics vont rester fermes sur leurs engagements en faveur des politiques d’égalité, en dépit des premiers signes de récession économique à la fin des années 2000 (la Loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, que le Conseil constitutionnel a validée en 2014, en est un bel exemple)  (4). A l’échelle globale, au nom de la prise de conscience du « pouvoir économique et social » des femmes, les politiques d’investissement social vont par ailleurs accorder une place centrale à l’approche intégrée pour penser les programmes d’éducation, la transformation des structures familiales ou l’évolution du régime d’activité (Duflo, 2003).

2.3. … mais la fiction se maintient

24Il n’en demeure pas moins que de nombreux travaux (et souvent les mêmes que ceux précédemment cités) font état de conséquences de la crise financière entamée en 2008 sur l’accroissement des inégalités de genre, et ce malgré des efforts en matière de politiques d’égalité entre hommes et femmes. Ces contradictions apparentes n’en sont plus dès lors que l’on découple la situation et les conditions de vie des femmes en général, et celles des mères en particulier. Ainsi, si la situation des femmes en général s’est améliorée, celle des mères a été, est et reste aujourd’hui très préoccupante. « Obligées » d’assurer les services qui ne sont plus pris en charge par l’État et la collectivité, forcées de restreindre les dépenses en services à domicile, réduites à prendre en charge elles-mêmes leurs aînés, les mères de tous les pays ont vu leur temps de travail dans la sphère privée se compliquer, souvent au détriment d’un travail rémunéré et au profit d’un renforcement des inégalités de genre sur le marché de l’emploi et dans l’usage du temps…

25Et cela aussi bien en France… :

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« Alors que le nombre d’heures consacrées au total du travail domestique et du travail professionnel est proche entre hommes et femmes en France, les femmes réalisent toujours la majorité des tâches domestiques : elles y passent presque deux fois plus de temps que les hommes. […] Le temps que les hommes consacrent aux tâches domestiques n’a pas changé en vingt-cinq ans (2 h 20 par jour) mais celui des femmes s’est réduit d’une heure sur la même période, passant de cinq heures à quatre heures par jour aujourd’hui. Au sein des tâches domestiques, ce sont les tâches ménagères (ménage, cuisine, linge), pour lesquelles les différences entre femmes et hommes sont les plus grandes » (Champagne et al., 2015) ;
… qu’ailleurs :
« La majorité des tâches domestiques et des tâches de production sont exécutées par les femmes : elles accomplissent 70 % des tâches de la communauté rurale et à toutes leurs charges, s’ajoutent deux heures de marche en moyenne par jour pour aller chercher l’eau […]. A côté de leurs travaux agricoles, elles ont à accomplir toutes les tâches ménagères […] elles s’occupent également des enfants. Elles doivent se faire aider par leurs filles souvent dès que celles-ci ont atteint l’âge de dix ans, perpétuant ainsi le handicap scolaire  (5). »

3. Le scénario d’une société multiactive

3.1. La société multiactive, quelle mise en forme ?

27Si au début de l’époque moderne, l’appui de la division sociale du travail sur une distinction sexuelle était une solution pour mener conjointement les activités de production, de reproduction et de lien social nécessaires à la vie en société, aujourd’hui cette distinction sexuelle du partage des activités sociales est devenue un problème ainsi qu’une question sociale à résoudre. Si, comme on l’a vu, les législateurs et les gouvernements ne sont pas restés muets devant la « crise du care », ils n’ont pas pour autant proposé quelque modèle alternatif que ce soit, d’où une persistance de la crise et des tensions qui se renforcent. Le développement des dispositifs institutionnels de conciliation des temps sociaux a permis partout aux situations d’évoluer sans les transformer.

28N’est-il pas temps alors de saisir ces situations d’impasses comme des opportunités pour passer des remèdes correctifs aux remèdes transformatifs (Fraser 2005) ? Pour être transformatrices, ces solutions doivent entamer les fondements sur lesquels la société salariale s’est construite, et cela au profit d’une nouvelle normativité. C’est du moins l’hypothèse que nous faisons et celle qui justifie de proposer ici un scénario autour d’une notion, celle de société multiactive.

29La notion de société multiactive renvoie d’abord et surtout à une redéfinition du concept de travail et à la conception d’un régime d’activité de type nouveau. De notre point de vue, privilégier cette entrée pour repenser la relation Travail/Famille se justifie par nos choix de poser le travail et le régime d’activité comme enjeux structurants au cœur des contradictions. En effet, nous partons d’un double postulat : premièrement, celui que le Travail, tel qu’il est conçu, tel qu’il détermine les temps sociaux, tel qu’il est désigné comme seul pourvoyeur de valeur, est incompatible avec un objectif de développement humain durable et met en crise toutes les institutions qu’il structure ou desquelles il relève ; deuxièmement, celui que le régime tel qu’il est conçu, tel qu’il dichotomise travail/hors travail, activité/inactivité, travail/loisir – et adosse cette dichotomie à une division sexuée du travail – est incompatible avec un objectif d’égalité entre hommes et femmes et ruine toute tentative de rééquilibrage de l’ordre de genre.

30La société multiactive telle que nous l’envisageons, repenserait donc la place des activités dites hors travail dans une grammaire sociale alternative qui réaffirme la valeur sociale des activités anthropo-nomiques(6), la nécessité d’engagements non sexués, l’interpellation du monde du travail à intégrer ces engagements d’utilité sociale dans le rapport salarial, et l’implication des pouvoirs publics à garantir l’universalité des droits au care pour tous.

3.2. La société multiactive, quelle mise en œuvre ?

31L’objectif est donc de déconstruire la fiction d’une société construite autour de la notion restrictive d’emploi, au profit de celle, plus large, de travail que toute personne productrice d’activités socialement utiles est en droit d’exercer (travail professionnel, travail parental, travail filial, travail civique, travail communautaire…).

32La redéfinition du travail est une clé pour accéder à cette nouvelle régulation socioéconomique. Il convient d’élargir le périmètre du travail et de mobiliser tous les individus dans chacune des sphères d’activité de l’échange social (personnelle, solidaire, politique, civique, professionnelle, parentale). Pour éviter toute instrumentalisation de distinction de sexe ou d’âge, la société multiactive conçoit la contribution à des activités socialement utiles comme un principe central de l’intégration socioéconomique, de la protection sociale (du fait de la dimension inclusive), et du maintien des capabilités des personnes (par la dimension qualifiante de tout engagement social). Dans cette logique, toutes les sphères d’activité sont alors perçues comme productrices de valeur (selon de nouveaux indicateurs de richesse) et pourvoyeuses de revenu (en argent ou en unités de compte ouvrant des droits et/ou des compléments de revenu). Le principe structurant de cette organisation sociétale n’est pas exclusivement l’emploi mais la contribution, où la figure forte est toute personne dont la force de travail peut faire l’objet d’une mobilisation à géométrie variable tout au long de sa vie, dans toutes les sphères d’activité, selon les nécessités, ses désirs, sa disponibilité et ses capabilités.

33La conception d’un régime d’activité alternatif et non sexué est aussi une clé de la nouvelle régulation socioéconomique. Il s’agirait donc d’instituer des trajectoires d’activités dans des espaces pluriels (marché de l’emploi, sphère communautaire, espace privé), et cela tout au long de la vie et en sécurisant, par des droits sociaux personnalisés, les moments biographiques actifs – y compris hors emploi. Accompagnée de dispositifs qui soutiennent, reconnaissent et financent d’autres formes d’engagement actif (complémentaires à l’emploi ou substitutifs), l’absence d’emploi renverra alors moins au chômage ou à l’inactivité qu’à la circulation de tout un chacun dans des espaces d’engagements socialement utiles et diversifiés tout au long de la vie. Cela effacera progressivement les frontières stigmatisantes entre travail et hors travail, entre actif et inactif, et on n’appellera plus les personnes actives hors du marché de l’emploi (public ou privé) des « inactifs », car elles seront des travailleurs contributifs.

34C’est ce type de logiciel sociétal qui nous paraît à même de rééquilibrer de façon pérenne les temps de vie autour de la pluralité croissante des engagements sociaux (professionnels, familiaux, communautaires ou civiques) et des modes d’exercice de ces engagements (marchands, non marchands, bénévoles, réciprocitaires). Ce rééquilibrage rejoint les aspirations des femmes et des hommes des nouvelles générations, comme des travaux l’attestent (Méda, Vendramin, 2013). Un rééquilibrage qui rejoint aussi l’ajustement de l’architecture de la société salariale à la modernité sans la détruire, l’emploi restant au cœur de ce régime alternatif : dans ce régime d’activité, l’emploi garde en effet la plus haute valeur ajoutée. En somme, la société multiactive reste une société du travail, mais qui mobilise tous les individus dans toutes les sphères d’activités de l’échange social marchandisées et/ou démarchandisées. Et cela sans instrumentalisation de sexe, d’âge ou de vulnérabilité.

3.3. La société multiactive : une mise en cohérence des innovations et des référentiels

35Le scénario d’une société « multiactive » n’est pas une pure utopie, car aujourd’hui de nombreux ingrédients sont déjà présents. Il suffit de compléter la série de réformes partielles en cours depuis deux décennies, et de les inscrire dans une vision à long terme qui remette en cohérence les innovations sociales et les référentiels d’action.

36Des dispositifs institutionnels novateurs, qui augurent potentiellement des contours d’une société multiactive, existent en effet. Mentionnons par exemple le crédit-temps en Belgique, qui offre la possibilité d’une réduction ou d’une mise entre parenthèses du temps de travail professionnel, compensée par une allocation financière publique permettant de consacrer du temps à d’autres engagements sociaux. Sa sémantique (ce n’est pas un « congé ») et ses principes (droit individuel, approche « parcours de vie », flexibilité, reconnaissance financière, protection de l’emploi…) entrent dans la grammaire d’une société multiactive. Les réformes en cours en France sur les congés de paternité, sur la rémunération des congés parentaux, sur l’introduction de congés d’engagement ou d’aidant familial dans le Compte Personnel d’Activité, peuvent aussi servir d’exemples de dispositifs précurseurs d’une société multiactive. Enfin, les controverses qui, en France comme en Belgique, accompagnent les expérimentations sur le revenu de base et sur le revenu universel (pour tous), ou celles sur les entreprises à but d’emploi  (7), renvoient aussi au débat public sur la reconnaissance de nouvelles formes d’engagements protégés, rémunérés et alternatifs ouverts tout au long de la vie.

37L’enjeu est donc de parvenir à mettre progressivement en cohérence des dispositifs qui reconnaissent des activités plurielles (professionnelle, familiale, civique, communautaire) comme productrices de valeurs, en y associant une rétribution (en argent et en droits sociaux) en échange de ce qui est alors considéré, dans ce cadre, comme une contribution de ressource et de richesse tout en préservant et en favorisant la liberté des engagements contributifs de chacun (il ne s’agit pas d’instaurer un workfare) en vue d’assurer un revenu décent (en montant et en dignité) pour tous.

Conclusion

38La société multiactive propose donc les conditions d’une cohérence nouvelle, qui met en adéquation un rééquilibrage entre les différents domaines de l’existence (vie professionnelle, vie sociale, vie privée, lien social) et une refonte des dispositifs de protection sociale (des droits et protections nouveaux à intégrer au rapport salarial). Cette politique des espaces-temps (Viriot Durandal, 2004), combinée à des supports légaux d’un type nouveau, permet de retrouver une cohérence perdue mais aussi une révolution attendue, celle d’une redéfinition du rapport salarial.

39Ces nouvelles perspectives permettent en effet au rapport salarial traditionnel d’intégrer l’activité familiale ou l’engament solidaire (qui en l’état sont fortement déstabilisateurs des trajectoires professionnelles) en termes de risque économique pour l’individu (et à ce titre couvert par la protection sociale) ; elles permettent également de penser l’activité professionnelle continue (puissant vecteur de renoncement à la parentalité et sérieux obstacle au rôle d’aidant) en termes de risque économique pour la société (et à ce titre couvert par la protection sociale). Dans ce cadre, les activités hors emploi ne sont plus pensées en termes de gêne au regard de la disponibilité des travailleurs, ni « compensées » par des mesures de protection, mais sont réfléchies en termes de nécessité au service de la contribution au bien-être et au bien commun.

40Par la reconnaissance d’un droit d’accès au travail pour tous ; par celle d’un droit d’accès direct à la protection sociale pour tous ; et enfin par celle d’un accès au droit qui passe par l’emploi et nécessite un « état professionnel permanent » tout au long de la vie : par ces trois axes, un vaste phénomène d’hybridation, de complémentarité et de contamination des temps sociaux pourrait se mettre à l’œuvre, qui bousculerait la traditionnelle discipline de travail et la partition des activités basée sur la division sexuelle. En quelque sorte, on passerait ici d’une logique actuelle qui « masculinise les trajectoires d’emploi des femmes » (logique correctrice) à une logique future qui « féminise les parcours de vie de tous » (logique transformatrice).

41Autrement dit, la société multiactive s’approche d’une utopie, celle de réinventer un salariat qui défende l’utilité sociale du travail, qui procure au travailleur une nouvelle disposition de sa force de travail (Fitoussi, Rosanvallon, 1998) et qui permet à tous, hommes et femmes, de profiter à part égale et comme ils l’entendent, des multiples dimensions d’engagement offertes par la modernité.

Notes

  • (1)
    Voir notamment les travaux de Gösta Esping Andersen (1990) et de Jane Lewis (1992).
  • (2)
    Une série de travaux insistent dès 2010 (voir en particulier Milewski, 2010 ; Cochard et al., 2011) sur les coupes budgétaires dans la protection sociale (qui diminuent certains services tels que la garde des enfants extrascolaire ou le montant des prestations) ; ou sur le report incessant de la réforme de la dépendance (alors que le nombre de personnes âgées s’accroît) ; ou sur les ruptures de ressources dues aux accidents professionnels dans les familles, l’ensemble ayant des conséquences très négatives pour les femmes.
  • (3)
    Contrairement aux hommes, où le rôle communautaire consiste à organiser et gérer la société à un niveau politique plus formel (l’exercice de la justice par exemple). Il s’agit en général de travail payé, directement ou indirectement, au moyen de rétributions ou d’amélioration du statut et du pouvoir. (Les femmes et le développement (1993). In Revue Vivant Univers n° 407, septembre octobre, 1-41.)
  • (4)
  • (5)
    Les essentiels du genre 02 : outils de l’approche genre. In Le Monde selon les femmes, 2004.
  • (6)
    La production anthroponomique : c’est la reproduction quotidienne de la force de travail humaine, ou plus généralement de l’énergie humaine. Elle va de la production initiale (mise au monde d’un nouveau-né) à la production du corps (source et support de l’énergie), en passant par la production immatérielle (qui produit en l’être des formes spécifiques de l’énergie) ou par la production des capacités à agir, etc. La production anthroponomique est donc la production des êtres humains dans leur dimension globale (biologique, psychique et sociale). Ce concept, élaboré par Daniel Bertaux, est opérationnalisé dans son ouvrage Destins personnels et structure de classe (Paris : PUF, 1977).
  • (7)
    Expérimentation TZCLD (Territoires zéro chômeur de longue durée) en France. https://www.tzcld.fr
Français

La notion de société multiactive renvoie à un régime d’activité de type nouveau. L’ancien est celui dans lequel nous vivons encore aujourd’hui : c’est un régime qui se caractérise par l’adossement de la définition de l’activité sur un et un seul signifiant : l’emploi. Ce référentiel d’organisation du régime d’activité a permis de construire la société salariale, mais il montre aujourd’hui ses limites dans un contexte structurel et culturel en changement profond. Face à la nécessité d’une réelle disruption, les auteurs proposent, à partir d’une approche genre, un scénario alternatif de l’organisation sociétale : la société multiactive, qui s’enracine dans des pratiques individuelles et institutionnelles innovantes déjà à l’œuvre. Il s’agit alors de repenser le logiciel social en vue de reconnaître la contribution de chacun.e aux activités productrices à la fois de biens communs et de bien-être, sans qu’aucune ne soit distribuée en fonction du genre.

Español

7. ¿Todos contribuyentes? ¡Hacia una sociedad multiactiva!

El concepto de sociedad multiactiva nos remite a un nuevo tipo de régimen de actividad. El antiguo, en el nos encontramos en el momento actual, se caracteriza por ir respaldado por un único significante en la definición del concepto de actividad: el empleo. Este referencial de organización del régimen de actividad ha permitido construir la sociedad salarial. Sin embargo, en el momento contemporáneo este referencial ha mostrado sus límites en un contexto estructural y cultural en profunda mutación. Ante la necesidad de un giro real, los autores proponen, desde una perspectiva de género, un escenario alternativo de organización social: la sociedad multi-activa, anclada en prácticas individuales e institucionales innovadoras puestas ya en marcha. Se trata de replantearse las lógicas de funcionamiento social para así reconocer la contribución de cada persona a las actividades productivas tanto de bienes comunes como de bienestar, sin que se distribuya en función del género.

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Bernard Fusulier
Directeur de recherches FNRS – Professeur, GIRSEF-CIRFASE, UCL
Chantai Nicole-Drancourt
Directrice de recherche CNRS, LISE-CNAM/CNRS
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Mis en ligne sur Cairn.info le 12/04/2021
https://doi.org/10.3917/lps.181.0076
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