À mesure que l'on « découvre » que la justice est sinistrée, mais surtout que ceux qui la rendent en souffrent, qu'ils n'éprouvent aucun plaisir à trancher à la hâte et dans l'obscurité, l'on cherche des leviers d'actions. L'équation paraît enfantine : il faut soit qu'il y ait moins à juger soit qu'il y ait plus de personnes pour juger. Explorant la première de ces voies, l'on essayera de rendre les humains plus respectueux de la règle de droit. Mais, devant l'ampleur de la tâche, on pourra tout aussi bien les dissuader de saisir un tribunal ou attiser la recherche d'une solution négociée. Le plus souvent, l'on préfèrera déjudiciariser, c'est-à-dire retirer au juge certaines de ses prérogatives. Certes, la quantité de travail demeure inchangée mais elle pèse sur d'autres organismes. La seconde voie semble se conjuguer au singulier et appeler le recrutement massif de magistrats. Toutefois, une nouvelle alternative fort séduisante s'impose progressivement : il faut repenser la fonction du juge qui deviendrait le manager d'une équipe à sa disposition. Son travail serait ainsi recentré sur certaines missions, les autres revenant non pas à des entités extérieures mais à ses collaborateurs. L'on pressent, à ce stade, qu'ils seront certes précieux mais surtout moins onéreux. Ainsi, à la déjudiciarisation vient s'ajouter un phénomène nouveau : la démagistraturation.
À s'en tenir à cette présentation, l'équipe autour du magistrat est surtout une trouvaille pour ménager les deniers de l'État…