Depuis le 24 février 2022, le conflit russo-ukrainien a brutalement remis les crimes les plus graves sous les projecteurs de l'actualité. On a très vite évoqué l'existence de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité voire de génocide qui auraient été commis en Europe, à quelques heures d'avion, en oubliant, semble-t-il, qu'il s'en commet tant et depuis des années partout dans le monde mais plus loin…
On a aussi beaucoup parlé, souvent de manière définitive et parfois fort approximativement, des conditions dans lesquelles ces crimes pourraient être jugés.
Il n'est dès lors peut-être pas inutile de s'arrêter un instant sur ce que l'on entend exactement par crimes de guerre et de s'interroger sur la manière dont sont actuellement poursuivis ceux qui se commettraient sur le territoire ukrainien.
Mais, en préalable, deux observations d'ordre très général méritent d'être formulées.
Jean Baechler, éminent sociologue, philosophe et historien, disciple de Raymond Aron, a animé dans le cadre de l'académie des sciences morales et politiques tout au long des années 2015 et 2016 un passionnant cycle de séminaires consacrés à « La Guerre ». Il a montré à quel point elle avait pu et pouvait peser sur la société dans laquelle nous vivons ce qui a conduit à la publication, chez Hermann, d'une série d'ouvrages couvrant un très vaste champ : Guerre et Droit, Guerre et Politique, Guerre et Religion, Guerre et Femmes, Guerre et Santé, Guerre et Psychologie, l'Arrière, Guerre Civile, Guerre et Technique, Guerre et Arts… les contributions que réunissent ces différents ouvrages sont passionnante…