On peut faire profession de magistrat, même s'il est des formes d'exercice de la magistrature assurées par des magistrats non professionnels (prudhommie, juges non professionnels, etc.). Leurs compétences identifiées et exigées sont l'indépendance et l'impartialité, l'écoute et la pédagogie, la capacité d'argumentation, porter un regard critique et bien sûr, des connaissances juridiques. L'objet de cet article n'est pas de discuter la continuité ou les différences éventuelles entre les valeurs des magistrats et celles des non professionnels, cette continuité devant être pensée. Il s'agira plutôt d'interroger ce que signifie participer et vouloir s'engager comme acteur dans l'œuvre de justice pour en faire son métier. Quelles valeurs, – à moins que les valeurs soient aussi des compétences, dans la mesure où les valeurs que l'on invoque sont aussi des valeurs que l'on convoque ? – sont activées pour un tel engagement ? Replaçant la figure incarnée du juge sous l'exercice abstrait du jugement, ces questions suggèrent qu'en dépit du rêve technique de procédés automatisés, censés évacuer les biais cognitifs, tout jugement est un art des arrangements entre des principes et des situations singulières. L'exercice du métier de magistrat mobilise des sources et ressources que chacun hiérarchise. Cela exige des valeurs grâce auxquelles préciser l'idée qu'il se fait de son métier, à commencer par sa neutralité axiologique, son impartialité, ou bien sa compréhension de la laïcité.
Par hypothèse et conviction, nous supposerons qu'en notre démocratie, le cadre de république laïque sert de référentiel à l'exercice et au déploiement de l'œuvre de justice…