Consentir, du latin (consentio) : être de même sentiment ; faire cause commune, ne porte pas encore la dimension d'autorisation, qui constitue le noyau juridique et contractuel du consentement, pas plus qu'il ne fait référence à un acte moral ou à une décision libre par lequel on s'engage absolument à accepter ou à accomplir quelque chose. Si la dimension contractuelle du consentement n'épuise pas ce qui le devance en amont ou lui succède en aval, dans l'histoire des acteurs s'ouvre alors un vaste champ à investiguer. Il est des accords irréfléchis ou tacites ou des adhésions longuement délibérées et explicites. Au consentement comme forme contractuelle ne convient-il pas d'adjoindre une compréhension du consentement comme un travail des subjectivités dans le temps ? Cet article prend les exemples du consentement dans le cadre du numérique, du consentement éclairé en médecine et du consentement en matière de mœurs pour explorer ces dimensions.
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Pourquoi dire oui ? Dire oui est un performatif : une fois que j'ai dit « oui », je ne peux pas faire comme si cela n'avait pas été dit. Avec le oui quelque chose est advenu qui change un peu le cours des choses : cela ouvre des possibles et cela en ferme d'autres. C'est aussi, un des mots sans doute les plus usuels de la vie quotidienne. Pour un oui, pour un non, nous passons notre vie à dire oui ou à dire non. Mais qu'y a-t-il dans un oui ? Dire oui, à quoi cela engage-t-il pour celui ou celle qui prend place dans sa parole, devant et avec l'autre ? Forme profonde de l'acquiescement, le oui traverse toute l'épaisseur de ce qui fait d'une vie une vie dans ses relations aux situations, adhérant à ces situations. Pulsions reconnues, corps accepté, tempérament identifié, milieu de vie non choisi mais auquel on adhère ou on consent (on travaille à consentir à sa famille…) font la chair d'un oui. Cet acquiescement qui engage le travail d'une compréhension située de soi, le consentement en est l'expression verbalisée, voire formalisée, mais il n'en est que la partie audible.
Le latin (consentio) qui signifie « être de même sentiment », « décider en commun » ; mais aussi « faire cause commune », voire « conspirer » manifeste cette forme d'adhésion préconceptuelle qui ne tient pas encore la dimension d'autorisation qui constitue le noyau juridique du consentement dans sa perspective contractuelle. Le sentir du consentir excède son explicitation verbalisée avec l'autre, les autres…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/01/2022
- https://doi.org/10.3917/cdlj.2104.0563

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