Des modes d’action spectaculaires des Femen ou des Pussy Riots, aux prises de paroles de célébrités comme Beyoncé ou Emma Watson ou à la création de magazines féminins critiques tels que Causette ou Mademoizelle, jusqu’aux usages féministes du web, des réseaux sociaux ou de Youtube, la question des rapports entre féminismes, médias et culture de masse connaît une forte actualité. Ce phénomène est souvent interprété comme l’apanage d’un nouveau féminisme, plus jeune et plus dynamique. Pourtant la question de la médiatisation des féministes n’est pas neuve, que l’on songe aux coups d’éclat des suffragettes anglaises, à la flamboyance de l’actrice et journaliste Marguerite Durand fondatrice du quotidien féministe La Fronde à la fin du xixe siècle ou à l’utilisation de la vidéo par les militantes du Mouvement de libération des femmes dans les années 1970. Ce numéro du Temps des Médias entend montrer l’apport d’une approche sociohistorique qui permet à la fois de réfléchir aux continuités et aux ruptures mais aussi de replacer les mobilisations féministes dans des contextes précis qui favorisent leur expression médiatique. Les positionnements politiques féministes sont compris, ici, comme recouvrant un éventail très large d’orientations et d’actions visant l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est pourquoi le pluriel est préféré. Notre posture est également de prendre en compte non pas uniquement les organisations féministes en tant que telles mais plus largement « l’espace de la cause des femmes », c’est-à-dire de penser ensemble des engagements s’inscrivant dans des sphères sociales variées (mouvement associatif, partis, champ intellectuel, institutions publiques, médias etc…