Introduction : le basculement dans une nouvelle organisation des relations privées
1Longtemps la famille a été l’institution qui organisait de façon très stricte et parfaitement régulée par le droit les conditions de la filiation, c’est-à-dire le type de liens parent-enfant propres à une société. L’enfant découlait d’une procréation réalisée au sein des formes autorisées de l’alliance, alliance de deux personnes de sexes différents, issues de lignées différentes, avec comme objectif une production d’enfants dans un cadre qui définissait strictement les règles de choix possibles du conjoint et le contrôle de la procréation. En France jusqu’à la fin des années 1960, la clé de voûte de la structure familiale permettant d’articuler ces multiples dimensions consistait en un contrat unissant deux familles à travers deux individus, le mariage. La première fonction du mariage était d’assurer la stabilité de la famille et de l’éducation des enfants qui allaient en être issus en certifiant que le père de ces enfants ne pouvait être que le mari de la jeune accouchée. Pour que cette présomption de paternité soit opérante, deux règles s’imposaient : la virginité de la femme au mariage et la fidélité de l’épouse par la suite. Le droit s’attachera à disqualifier aussi bien les relations illégitimes que les éventuels enfants nés de ces rencontres considérées comme illégales et plus ou moins sévèrement punies selon les sociétés. La réprobation sociale à l’égard de ces relations et ces enfants illégitimes était maximale en un temps où le mariage était fondateur de la famille.
2Mais les raisons objectives d’une telle organisation de la famille sur laquelle s’appuyait toute la société allaient progressivement se dissoudre, et les rapports aussi bien conjugaux que générationnels profondément se modifier, sous l’effet d’une triple évolution : des conditions de vie, des représentations et des mœurs et des connaissances scientifiques. En ce qui concerne le cadre général de vie, l’évolution du capitalisme jusqu’au modèle néo-libéral d’aujourd’hui a été marquée par le passage à une société salariale, largement tertiarisée, à laquelle a correspondu une nucléarisation généralisée de la famille facilitant une mobilité professionnelle de plus en plus nécessaire à la vie économique. En même temps que les filles accédaient à des études longues débouchant sur un investissement professionnel quasi équivalent à celui des garçons, parallèlement, les conceptions de la vie familiale, des relations entre les sexes et des relations adultes-enfants évoluaient en suivant le mouvement de démocratisation de la vie privée : à la montée de la valeur croissante donnée à l’individu depuis les philosophes des Lumières et la Révolution française s’ajoutait l’affirmation d’une volonté d’égalité entre les sexes et entre les générations.
3Si l’imparfaite maîtrise de la procréation par les couples nuisait à cette volonté d’égalisation des rôles de sexe, on constata cependant dès 1964 l’arrêt du baby boom qui avait marqué les années précédentes, bien avant la diffusion des moyens modernes de contraception à partir de 1967 [1]. C’était l’indication que les mœurs n’avaient pas attendu les avancées qu’allait permettre l’évolution de la bio-médecine pour manifester une évolution du rapport à l’enfant, que les technologies médicales allaient par la suite favoriser. Avec l’accroissement de la valeur accordée à l’enfant et à son éducation, le nombre d’enfants attendu dans un couple allait en diminuant, pour se stabiliser autour de la nouvelle norme de deux enfants par couple. La mise en phase de toutes ces évolutions dans les années 1970 allait d’un coup rendre obsolète le modèle de famille antérieur, tant au niveau de sa structure, basée sur l’inconditionnalité et surtout l’indissolubilité du lien conjugal institué, qu’au niveau de son fonctionnement, basé sur l’asymétrie des positions de sexe et une conception rigide de l’autorité parentale.
Un nouveau modèle de référence : la démocratie familiale
4Ce que l’école républicaine allait promouvoir, à partir des lois fondatrices de Jules Ferry (1880-1882), c’est moins l’effacement des déterminations sociales dans les trajectoires scolaires et professionnelles des individus que l’égalisation progressive des positions de sexe avec la diffusion d’une culture commune et l’augmentation continue du niveau moyen des connaissances dans l’ensemble de la population, et exemplairement dans cette moitié de la population jusqu’alors secondarisée : les filles. À côté des évolutions économiques et le passage à une société post-industrielle, à côté des évolutions scientifiques et le passage à un contrôle individualisé de la procréation, il fallait cette égalisation des places des garçons et des filles par le biais de l’école pour que s’affirme la revendication d’égalité et d’autonomie et que les sexes deviennent genres.
5Dès la fin des années 1960, il n’était socialement plus besoin que les filles restent vierges et que les relations sexuelles soient exclusives quand s’amorçait le règne de la pilule et du stérilet ; il n’était plus nécessaire d’avoir un corps puissant pour occuper les nouveaux postes d’employés de bureau ; il n’était plus nécessaire de rester ensemble quand les deux conjoints possédaient une autonomie professionnelle et que le désamour s’installait ; il n’était plus de mise de croire en la supériorité masculine quand tout le monde revendiquait l’égalité et la liberté de disposer de soi-même. L’idéal démocratique de l’égalité des citoyens, de la libre disposition des personnes et des unions sur la base d’un consentement réciproque toujours susceptible d’être récusé par l’un des deux partenaires, était désormais possible comme principe de fonctionnement relationnel à l’intérieur de la sphère privée. On avait basculé dans le modèle de la famille démocratique, régulée par le dialogue et la communication entre ses différents membres [2], de plus en plus considérés comme des partenaires.
6Ce qui n’allait pas sans poser quelques problèmes tant le basculement dans ce nouvel ordre était brutal et fondamental. Plusieurs ouvrages vinrent souligner cette montée des incertitudes en matière familiale et sociale [3], et la tension s’accentua entre ceux qui tentaient d’adapter leurs analyses à la compréhension de la profondeur de cette mutation sociale et ceux qui essayaient de préserver leur attachement à ce qui leur servait jusqu’alors de repères théoriques fondamentaux.
7Cette démocratisation de l’organisation et du fonctionnement de la famille touchait toutes les places et toutes les relations, même si Michel Fize employait le terme en se centrant sur les relations parents-adolescents. Elle s’appuyait sur un processus amorcé depuis les libres penseurs libertins du XVIIe siècle, celui de la promotion de l’individu s’exprimant non seulement dans l’accroissement de la valeur accordée à la personne mais aussi et surtout dans l’importance accordée par ailleurs à son autonomie. La figure du citoyen portée par les révolutionnaires était posée comme unité de base de la société pour se substituer à la cellule de base, la structure familiale fondée sur le mariage indissoluble. Mais l’affirmation de la liberté individuelle à l’intérieur de la sphère privée fut contrecarrée en deux temps, d’abord par ce qui pour les révolutionnaires constituait le nouveau principe de légitimité, la « nature » de l’homme, ensuite par le retour de la monarchie. On peut effectivement se demander pourquoi les principes de la démocratie affichés par les révolutionnaires et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen mirent presque deux siècles à être vraiment appliqués dans la famille et les rapports entre les sexes ?
Le repli des révolutionnaires sur une vision naturaliste de la famille
8Si la constitution de 1792 introduisait véritablement la démocratie à l’intérieur de la famille en faisant du mariage un contrat civil laïc librement choisi, et surtout en introduisant la possibilité d’un divorce qui donnait toute liberté à chacun des conjoints de rompre l’union (aussi bien par consentement mutuel que par décision d’un seul), l’ouverture ainsi faite vers une égalisation des places dans la famille fut vite refermée par la majorité des révolutionnaires, qui, compte tenu de l’infériorité « naturelle » des femmes et des enfants, estimait que la famille demandait à avoir un chef. Position résumée dans l’intervention de Jean-Pierre André Amar à l’Assemblée en 1793 :
L’homme est fort, robuste, né avec une grande énergie, de l’audace et du courage […] et comme il est presque exclusivement destiné à […] tout ce qui exige de la force, de l’intelligence, de la capacité, de même il paraît seul propre aux méditations profondes et sérieuses qui exigent une grande contention d’esprit et de longues études qu’il n’est pas donné aux femmes de suivre. Quel est le caractère propre de la femme ? Les mœurs et la nature même lui ont assigné ses fonctions : commencer l’éducation des hommes […], après les soins du ménage ; la femme est naturellement destinée à faire aimer la vertu [4].
10Les revendications féministes à l’égalité furent ainsi étouffées au nom de la Nature, quitte à ce que leurs représentantes les plus célèbres, Mme Roland et Olympe de Gouges [5], se retrouvent sur l’échafaud. L’essor de la médecine au XIXe siècle, mais aussi de la politique hygiéniste et populationniste [6], paracheva cette assignation naturaliste des femmes à la maternité et à l’éducation des jeunes enfants.
La pensée des Lumières ancre dans la Nature l’unité du genre humain, préalable nécessaire à son égalité juridique et politique qui sera restaurée dans le contrat social. Or, dans le même temps, les savants du XVIIIe siècle, et en premier lieu les médecins-philosophes des Lumières, inventent une « nature féminine » incommensurable à celle de l’homme et la définissent à partir des nécessités de l’espèce et des lois de la reproduction [7].
12Les conceptions de l’homme en société et en famille n’étaient pas encore susceptibles de pouvoir accepter ce que supposait une véritable mise en œuvre de la démocratie dans la sphère privée, et le retour de la monarchie n’eut guère de difficulté pour restaurer une conception absolutiste de la famille basée sur un sacrement indissoluble, le mariage religieux.
13Ce qu’amena la stabilisation de la République à partir de 1870 et l’avènement de la IIIe République fut fondamental : la généralisation de l’enseignement primaire et l’ouverture de l’enseignement secondaire aux jeunes filles avec les lois Jules Ferry de 1881-1882 ainsi que la réintroduction du divorce en 1884, mais uniquement sous la forme d’un divorce pour faute qui préservait l’institution du mariage au détriment de la liberté individuelle, notamment celle des femmes.
Une conjonction d’évolutions nécessaire pour basculer dans la démocratie familiale
14Ce n’est pas un hasard si le divorce par consentement mutuel ne fut rétabli qu’en 1975, car ce n’est qu’alors que les conditions sociales non seulement étaient réunies pour permettre son retour, mais exigeaient celui-ci. Certes, il avait fallu attendre 1944 pour que soit légalisé le droit de vote et d’éligibilité des femmes, avec cinq ans plus tard le brûlot de Simone de Beauvoir Le deuxième sexe. Si les années 1950 restaient les années d’affirmation du modèle de la femme au foyer, asymétrique et naturaliste [8], que magnifia Talcott Parsons [9], les conditions finissaient de se mettre en place pour que se réalise le basculement des années 1970 : naissance de la génération du baby boom, première génération à accéder massivement aux études supérieures ; progrès de la recherche médicale sur les méthodes contraceptives, jusqu’à la diffusion des méthodes modernes à la fin des années 1960 avec la loi Neuwirth de 1967 ; investissement des femmes dans un travail salarié largement tertiarisé ; revendications égalitaires qui allaient alimenter le féminisme des années 1970 ; diffusion des connaissances en matière de psychologie de l’enfant et d’éducation alternative [10]. En 1970 est votée la loi qui symbolise la sortie d’une référence patriarcale de la famille : elle substitue à la puissance paternelle, qui désignait le père comme chef de la famille, la notion d’autorité parentale exercée conjointement par le père et la mère. Si le processus législatif s’accélère jusqu’à vouloir encadrer l’évolution des mœurs dans les années 1970-1975, avec notamment la libéralisation de l’avortement et le vote de la loi Weil en 1975, il faudra attendre la nouvelle loi sur l’autorité parentale de 2002 pour que soit reconnue comme légitime la résidence alternée de l’enfant entre les deux domiciles de ses parents séparés, au même titre que la résidence chez l’un d’entre eux [11] : « la résidence de l’enfant peut être fixée en alternance au domicile de chacun des parents ou au domicile de l’un d’eux ». Malgré sa diffusion progressive, quoique limitée, cette solution continuera à faire l’objet de nombreux débats [12], montrant, s’il en était besoin, qu’une « révolution anthropologique » est en marche.
Une révolution anthropologique réorganisant conflictuellement la sphère privée
15Le basculement référentiel était si important que non seulement la mise en place de ce nouvel ordre privé ne pouvait être que conflictuelle et inégalement répartie, au gré des milieux sociaux, plus ou moins attachés à l’ordre traditionnel, et des situations, plus ou moins inédites, mais l’affirmation d’individus libres et égaux dans la famille, autonomes par le travail et affranchis par la contraception, constituait une véritable épreuve pour le couple, d’autant que le développement des relations s’établissait sur un contrat le plus souvent implicite basé sur un consentement réciproque et toujours renouvelable De fait, l’idée de couple fondé sur le sentiment amoureux allait mal résister aux fluctuations des sentiments, jusqu’à déboucher dans les pays occidentaux sur une fréquence de divorces et de séparations de l’ordre d’un sur deux… et cela malgré l’éventuelle présence d’enfants. Du coup, ni le couple ni la relation parentale ne peuvent être pensés comme autrefois, et cela a des conséquences majeures sur les relations entre adultes et enfants.
16Si, depuis Louis Roussel, de nombreux auteurs ont insisté sur cette désinstitutionnalisation de la famille, il est clair que celle-ci a concerné essentiellement la relation conjugale, minée par un double mouvement contradictoire : celui de l’émancipation des individus des contraintes institutionnelles (montée parallèle des unions libres [13] et des divorces [14]) et celui de l’exhaussement de la valeur affective de l’union, qui en devient sa seule raison d’être [15]. L’union conjugale s’en retrouve confrontée au paradoxe de l’individualisme relationnel [16], qui veut que l’affirmation de l’individu et de sa réalisation personnelle, son épanouissement, soit liée à ses relations affectives privilégiées, jusqu’à placer parfois le conjoint et l’enfant en situation de concurrence lorsque le dialogue conjugal dysfonctionne. Mais contrairement à ce qu’énoncent trop rapidement certains [17], la baisse de la valeur instituante du mariage n’est pas allée jusqu’à remettre véritablement en cause la famille comme institution, notamment éducative, car la réponse sociale à la désinstitutionnalisation du mariage et la fragilisation du lien conjugal a été le renforcement du lien parent-enfant, sur lequel a été transféré le principe d’inconditionnalité et d’indissolubillité du lien qui caractérisait le modèle du mariage-sacrement. Ce qu’illustrent à l’envi l’évolution des lois sur l’autorité parentale et le divorce (1987, 1993, 2002…).
17De ce fait, la société civile dès les années 1970, puis l’État et les politiques publiques dès la décennie suivante, ont œuvré, d’une part, à renforcer le lien parental mis en péril par la montée des séparations conjugales en mettant en avant le principe de coparentalité et de maintien des liens en toutes circonstances (y compris en cas de placement [18]), d’autre part, à renforcer la fonction éducative des parents en cherchant à les conforter dans leurs places d’éducateurs, et en développant à cet effet les procédés et les mesures visant le soutien et l’accompagnement des parents dans cette tâche. C’est ainsi que l’on peut dire qu’à la désinstitution du conjugal a succédé une réinstitution du parental.
18Ce qui, là aussi, n’a pas été sans produire des effets contradictoires, venant interférer avec le processus de démocratisation des relations intergénérationnelles, car plusieurs modèles d’intervention en direction des parents et des familles sont susceptibles d’être sollicités dans cette dynamique.
L’ouverture intergénérationnelle confrontée à la mission éducative confiée aux parents
19Si progressivement s’est dégagée la nécessité pour les pouvoirs publics de promouvoir le soutien à la parentalité et de coordonner les différents dispositifs et actions déjà en place, c’est que la relation éducative portée par la famille était soumise à des tensions nouvelles : évolution vers une autorité plus partagée et ouverte au dialogue et à la négociation ; mise en perspective des filiations et de la légitimité des places, avec les recompositions familiales et les procréations assistées ; diversification des formes de vie en famille et des modes d’éducation parentale, demandant à ce que les différents acteurs parentaux soient confortés dans leurs nouvelles places éducatives.
20Chacune de ces évolutions était en soi fondamentale, touchant aussi bien les fonctionnements propres de la famille et la relation parentale avec l’affirmation d’un nouveau principe d’ordre négocié, que les façons de définir et de penser ce qu’est l’être parental avec l’affirmation de la question de la parentalité [19] à côté de celle de la parenté [20]. Se développait ainsi une nouvelle conception de l’autorité, plus communicatrice et dialoguante, venant remplacer la conception antérieure jugée trop répressive, en même temps qu’étaient promues la négociation dans les relations parents-enfants et une certaine égalisation des places à l’intérieur de la famille, qui s’appuyait sur une démocratisation de la communication intra-familiale dont J. Habermas proposa la théorisation et que M. Fize explicita à propos des relations parents-adolescents [21].
21Avec la promotion de la notion de parentalité dans les années 1980-1990, l’accent fut mis sur ce qui se constituait en pivot du lien parent-enfant, tant dans ses dimensions psychiques (les processus d’affiliation) que sociales (les conditions de la filiation), et la diversité et la complexité des fonctions parentales, susceptibles d’être endossées par un nombre croissant d’acteurs parentaux (parents adoptifs, beaux-parents, homo-parents…). Parallèlement, on assistait à la diversification des places parentales, avec la dissociation des trois dimensions unifiées auparavant par le mariage : biologique (le géniteur), socio-juridique (le parent institué), psycho-éducatif (le parent de proximité), et à l’affirmation d’une situation de pluriparentalité [22].
22Se met ainsi en place dans les années 1990-2000 un dispositif de parentalité à deux dimensions interactives : au niveau sociétal, une mise en correspondance des multiples actions, procédures et dispositif locaux visant le soutien aux (divers) parents dans leurs tâches éducatives, et plus globalement parentales, sous l’égide d’un État qui prend conscience de la nécessité structurelle de développer et réguler le soutien à la fonction parentale, alors que désormais les deux parents d’origine généralement travaillent, voire ne cohabitent plus. Son marquage symbolique en sera la création en 1999 des Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAAP). Au niveau individuel, le dispositif de parentalité se concrétise par la diversification évolutive des places parentales, et la possibilité pour chaque enfant de voir évoluer, au gré des péripéties filiatives et conjugales, son propre dispositif personnel de parentalité. Il doit être susceptible d’intégrer à côté de géniteurs pas forcément limités à deux [23] et de parents officiellement reconnus comme tels par le droit (qu’ils soient géniteurs, présumés parents, ou parents adoptifs), des parents « additionnels » (beaux-parents, homoparents…) au nombre a priori indéfini… La fonction éducative s’en trouve profondément ébranlée, et si l’idée de coéducation trouve une nouvelle jeunesse, ce n’est pas seulement parce que l’harmonisation entre les différentes instances de socialisation (parents, accueillants, médias, enseignants…) s’avère de plus en plus nécessaire [24], mais aussi parce que la coéducation entre les différents tenants de la fonction parentale ne va pas de soi… On touche alors à l’importance de la régulation sociale et juridique de l’éducation dans la démocratie républicaine, et à la place que celle-ci fait aux parents dans le processus éducatif.
Les incohérences de la gestion sociopolitique de la parentalité
23Resurgissent ici les deux modèles de référence qui ont marqué l’évolution des conceptions de la famille et de la parentalité : le modèle bio-médical du naturalisme, qui essentialise les places en renvoyant à la nature les raisons de leur différenciation nécessaire, et le modèle sociologique de la démocratie, qui rappelle le primat de l’histoire et de la culture dans la définition des places familiales et des rapports entre les sexes et les générations. Le corps s’en retrouve au centre du conflit interprétatif, puisque c’est lui qui exhibe l’évidence des différences de sexe et de génération, et semble manifester le primat du biologique dans la définition de l’humanité et de ses formes de vie en famille, selon une vision éthologique de l’homme qui s’appuie sur l’idée qu’il serait possible de transférer sur les fonctionnements humains certaines analyses concernant les fonctionnements animaux (notamment avec la théorie de l’attachement et du lien mère-enfant). Du coup, si la mère participe toujours d’une assignation à l’éducation familiale, la répartition des tâches éducatives au sein du couple « à double carrière » ne sera pas sans manifester cette allégeance, d’une part, en incitant les mères à une place éducative prépondérante auprès des enfants, quitte à travailler à temps partiel et à sacrifier plus ou moins leur avancement professionnel [25], d’autre part, en confortant les pères dans une position dominante au niveau professionnel.
24De surcroît, sur cette vision naturaliste encore dominante s’enracine l’idée que l’éducation du petit humain est fondamentalement familiale et n’est guère que cela, poussant alors à dénoncer les dysfonctionnements éducatifs comme des carences parentales (de la primo-éducation maternelle et de l’autorité parentale), liées à une « démission » des parents à l’égard de leur fonction éducative, qui, débouchant sur une culpabilité parentale et d’abord maternelle, s’élargit à tous les parents.
25Ce type de discours, présent dès les années 1980 dans les médias, trouvera dans le terreau de la précarisation dans les années 1990 une diffusion accrue dans les milieux de droite, à tel point qu’en 1998-1999, le délégué interministériel à la famille du gouvernement Jospin, Pierre-Louis Rémy, particulièrement agacé [26] par cette montée de la stigmatisation parentale, impulsera la création d’une réponse alternative à la sur-responsabilisation éducative des parents : les Réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents (REAAP). Leur objectif est bien alors de coordonner et développer les multiples modalités d’accompagnement des parents existantes, pour soutenir une parentalité vécue comme menacée, voire en péril. Si la promotion de cette façon de voir les choses chez les professionnels du social, de l’éducation et du soin s’avère particulièrement aisée, c’est que le terrain est déjà préparé par les sciences sociales. L’anthropologie, par la comparaison des multiples formes de sociétés existantes, n’a pu que mettre à mal une vision naturaliste des choses, en soulignant les divergences de statuts, de pratiques et de fonctions dévolus aux différents acteurs familiaux selon les sociétés et les moments de leur histoire.
Les contradictions du processus de démocratisation familliale
26Dès lors, l’affirmation d’une volonté démocratique au sein de la sphère privée dans les sociétés occidentales de la seconde moitié du XXe siècle n’apparaît plus que comme la conséquence logique de l’évolution des conditions de vie et des relations sociales. Mais cette volonté de démocratisation de la sphère privée ne va pas sans de multiples obstacles et résistances, qui vont trouver à s’exprimer particulièrement dans les années 2000. Car, il ne suffit pas d’avoir édicté dès 1989 une Convention internationale des droits de l’enfant pour que tous les enfants soient pensés comme personnes à part entière et toute violence à leur égard abolie, comme il ne suffit pas que soit rédigée la charte des REAAP pour que tous les parents soient appréhendés dans la complexité de leur situation sociale pour rendre compte de leurs difficultés éducatives.
27Par ailleurs, de nouvelles figures concernant aussi bien les enfants que les parents se développent dans les années 1990 et trouvent leur pleine expression dans les années 2000. Celles de l’enfant-victime porté par la médiatisation extrême des affaires de pédophilie, jusqu’au coup d’arrêt porté par la catastrophe juridique d’Outreau [27], et celle, symétrique, de l’enfant coupable, portée par la mise en exergue des phénomènes de délinquance et d’incivilité, et accompagnée par un discours sécuritaire de plus en plus important [28].
28Parallèlement, s’affirme la figure du parent démissionnaire, rendu responsable de toutes les carences éducatives que les incivilités de ses rejetons sont censées manifester. Les années 2000 vont permettre, avec le changement d’orientation politique, que cette traduction dans l’espace public de l’idéologie néo-libérale de la responsabilisation individuelle de tous les maux sociaux puisse librement s’exprimer. Elle atteindra son point d’orgue fin 2005 quand le ministre de l’Intérieur alors en poste annoncera son intention d’intégrer dans le projet de loi sur la prévention de la délinquance une conclusion extrêmement controversée du rapport Inserm sur les troubles du comportement chez l’enfant et l’adolescent [29], rapport réalisé exclusivement par des représentants de la nouvelle psychiatrie bio-médicale et comportementaliste, qui concluait, entre autres, que l’on pourrait prévenir la délinquance dès l’âge de 3 ans. Cette vision déterministe sera reprise à plusieurs reprises par le même personnage, devenu Président, par exemple en imputant la pédophilie à un gène coupable…
29La réaction particulièrement violente de représentants de la société civile [30] à l’hypothèse d’une prédictivité de la délinquance permettra le retrait de cette proposition du projet de loi voté en 2007 et manifestera, aux yeux de tous, les conflits de représentations sur l’enfance et la parentalité qui secouent autant les scientifiques que les politiques.
Ce qu’ont dénoncé avec vigueur et pertinence les signataires de la pétition « Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans » est la connivence d’une certaine conception adaptive de la prévention avec une idéologie sécuritaire, s’appuyant sur le signalement dès le plus jeune âge de comportements considérés comme agressifs et visant leur contrôle précoce, au détriment d’une approche véritablement éducative. Le fer de lance de cette volonté politique réside sans doute dans la promotion de la procédure de signalement en référentiel non seulement de la protection de l’enfance mais, plus encore, de l’ensemble des interventions considérées comme éducatives [31].
31La gestion sociale du dispositif de parentalité s’en est trouvée de ce fait confrontée à de multiples tensions et incohérences, qui attestent de la difficulté à intégrer un idéal démocratique au sein des relations privées alors que les instances politiques ne sont plus vraiment en mesure de réguler la montée des inégalités engendrées par le néo-libéralisme et la mondialisation des logiques économiques.
La parentalité, surface de projection des incertitudes sociales
32La parentalité s’en retrouve placée au cœur d’un dispositif de gestion sociale qui vise, d’une part, à encadrer la diversification de ses manifestations, liées tant aux évolutions des mœurs qu’à celles de la bio-médecine, et d’autre part, à la promouvoir comme principal instrument de gestion de la population à l’intérieur de la sphère privée. En même temps que le droit organisait le reflux de la normativité et du contrôle en ce qui concerne les relations privées entre adultes, il accentuait cette normativité et ce contrôle à l’égard des relations adultes-enfants, en posant la relation parent-enfant en parangon de la normativité ainsi reconfigurée. L’effet paradoxal en est la sur-responsabilisation des parents, autrement dit l’assignation des parents à une responsabilité quasi complète quant à l’éducation de leurs enfants, alors même que le temps qu’ils peuvent consacrer à leurs enfants s’est amenuisé et que leur situation s’est grandement fragilisée, aussi bien au niveau relationnel qu’économique, et que l’importance des autres instances sociales intervenant dans cette éducation et cette socialisation (médias, accueillants, animateurs, enseignants, soignants…) s’avère croissante.
33D’inspiration fortement néo-libérale, cette sur-responsabilisation parentale opérée dans les discours, médiatiques, politiques, et souvent aussi ceux du sens commun, a pour effet – ou fonction – de masquer les déterminations sociales qui pèsent sur les parents et peuvent obérer leur capacité éducative, tout en déniant l’importance des autres instances dans le processus de socialisation des enfants. L’accentuation de cette gouvernementalité parentale non seulement produit cette sur-responsabilisation mais engendre aussi un risque parentaliste particulier, celui de ne plus considérer les personnes que sous l’angle de leur fonction parentale, en d’autres termes de rabattre l’être humain, ce qui constitue la singularité de sa personne, sur sa seule parentalité, un peu comme au XIXe siècle la personne de la femme avait été rabattue sur la figure de la mère… jusqu’à ce que Simone de Beauvoir vienne nous rappeler que la femme ne se résumait ni dans la mère, ni dans la subordonnée…
34Le sens de la promotion tous azimuts de la parentalité en ce début de siècle apparaît de ce fait assez ambigu. À l’image de ce qui s’est passé avec la mise en avant de la notion d’intérêt de l’enfant comme nouveau principe de référence social et juridique, l’idée d’accompagnement ne manque pas de soulever des questions, à au moins deux niveaux : celui de la divergence des stratégies de gestion oscillant entre soutien et contrôle, prévention prévenante [32] et prévention répressive [33], et celui de la divergence des positionnements des intervenants, entre la requalification bienvenue des parents [34] et un parentalisme aux accents très moralisateurs [35]. En effet, le type de prévention qui s’appuie sur les théories comportementalistes et bio-médicales mises en avant dans le rapport Inserm se veut adaptative de l’enfant à ses troubles et à la société environnante, et par là prédictive d’une possibilité de contrôler l’éventualité d’une dérive délinquante de ces troubles de comportement. Elle prend le contre-pied d’une conception classique de la prévention portée par la psychologie clinique, centrée sur l’expression et la verbalisation des difficultés relationnelles de l’enfant avec son entourage, le plus souvent à l’origine de ces troubles. Cette prévention-là, que je qualifie d’expressive [36], se veut prévenante à l’égard des parents et leurs enfants, en s’appuyant sur la mise en paroles des difficultés de la relation et la mise en réseau des différents intervenants possibles dans le champ de la périnatalité.
Les apories de l’idéal démocratique face à l’institution familiale
35La montée du soutien à la parentalité met en évidence les tensions et les contradictions qui traversent le processus de démocratisation des relations familiales, et à quel point l’idée de démocratie familiale constitue un idéal précaire [37]. Elle est censée rendre compte d’un nouveau modèle relationnel qui verrait les valeurs de la démocratie républicaine s’appliquer à la sphère privée et à la famille sous la forme de la mise en œuvre d’une égalité entre tous les individus quels que soient leur sexe et leur génération. Elle s’accompagnerait d’une prise d’autonomie permettant d’affirmer la liberté de chacun, dans un contexte d’affirmation de la qualité affective des relations, pour témoigner de la dimension élective de celle-ci [38] et de la force du principe de consentement réciproque [39].
36Mais cette vision quelque peu utopique d’une sphère privée qui pourrait se préserver des rapports de pouvoir et des clivages inhérents aux catégorisations sociales se heurte aussi bien aux résistances des rapports sociaux en place qu’aux stratégies de gestion par la parentalité de l’ordre et des désordres sociaux, tant il est vrai que « partout la parenté est subordonnée à d’autres rapports sociaux, mise au service d’autres objectifs que celui de reproduire de la parenté » [40]. Ce qu’évoque explicitement Maurice Godelier, c’est bien qu’à l’encontre des visées politiques de contrôle d’une parentalité conçue comme le point de passage structurel entre l’enfant et la société, la situation des parents, et a fortiori de la famille, ne peut être comprise que située dans l’entrelacs des rapports sociaux qui très largement la sur-déterminent. Et que, de la même façon, la volonté partagée aujourd’hui par la plupart des citoyens et le système juridique de procéder à une « démocratisation » des relations privées se heurte à l’organisation éminemment hiérarchique du système social et aux représentations qu’elle alimente, tant au niveau de la sphère professionnelle et du monde politique qu’à celui de l’espace domestique et des conceptions des rôles de sexe.
Notes
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[1]
M. Segalen, « Les métamorphoses de la famille », L’Histoire, n° 150, décembre 1991.
-
[2]
G. Neyrand, Le dialogue familial. Un idéal précaire, Paris, Érès, 2009. En ligne
-
[3]
L. Roussel, La famille incertaine, Paris, Odile Jacob, 1989 ; M. Fize, La démocratie familiale. Évolution des relations parents-adolescents, Paris, Les Presses de la Renaissance, 1990 ; A. Ehrenberg, L’individu incertain, Paris, Calmann-Lévy, 1995 ; F. Hurstel, La déchirure paternelle, Paris, PUF, 1996 ; Y. Knibiehler, La révolution maternelle. Femmes, maternité, citoyenneté de 1945 à nos jours, Paris, Perrin, 1997 ; G. Neyrand, L’enfant, la mère et la question du père. Un bilan critique de l’évolution des savoirs sur la petite enfance, Paris, PUF, 2000 (3e éd. 2011) ; R. Castel, La montée des incertitudes, Paris, Seuil, 2009.
-
[4]
Cité dans P.-M. Dumet, Les femmes et la Révolution. 1789-1794, Paris, Gallimard – Julliard, 1971, p. 155-156.
-
[5]
Olympe de Gouges, Déclarations des droits de la femme et de la citoyenne [1791], Paris, Mille et une nuits, 2003.
-
[6]
M. Foucault, Naissance de la clinique : une archéologie du regard médical, Paris, PUF, 1963 ; P. Fritsch, I. Joseph, Recherches, n° 28, 1977, Disciplines à domicile. L’édification de la famille.
-
[7]
S. Steinberg, « L’inégalité entre les sexes et l’inégalité entre les hommes. Le tournant des Lumières », Esprit, 273, 2001, p. 25.
-
[8]
G. Neyrand, « Sexualité, maternité, paternité, pouvoir. Un espace en cours de restructuration », La pensée, n° 339, juillet-septembre 2004, repris dans Le dialogue familial…
-
[9]
T. Parsons, R. Bales, Family, Socialization, and Interaction Process, Glencoe, Free Press, 1955.
-
[10]
Processus que nous avons longuement analysés, aussi bien dans L’enfant, la mère et la question du père… que dans Monoparentalité précaire et femme sujet, Paris, Érès, 2004.
-
[11]
G. Neyrand, L’enfant face à la séparation des parents. Une solution, la résidence alternée, Paris, Syros, 1994 (4e éd. Paris, La Découverte, 2009).
-
[12]
Le livre blanc de la résidence alternée. Penser la complexité, G. Neyrand, C. Zaouche-Goudron (dir.), Paris, Érès, 2014.
-
[13]
S. Chalvon-Demersay, Concubin, concubine, Paris, Seuil, 1983.
-
[14]
I. Théry, Le démariage. Justice et vie privée, Paris, Odile Jacob, 1993.
-
[15]
G. Neyrand, « Le couple comme idéal, réponse à l’ultra-moderne solitude de l’individualisme démocratique et marchand », Cahiers de psychologie clinique, n° 36, 1, 2011, p. 117-128. En ligne
-
[16]
G. Neyrand, « Idéalisation du conjugal et fragilisation du couple, ou le paradoxe de l’individualisme relationnel », Dialogue, n° 155, 1, 2002, p. 80-88, repris dans Le dialogue familial… En ligne
-
[17]
M. Gauchet, « L’enfant du désir », Champ psy, n° 47, 3, 2007, p. 9-22. En ligne
-
[18]
N. Chapon, Parentalité d’accueil et relations affectives, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2014.
-
[19]
Les enjeux de la parentalité, D. Houzel (dir.), Paris, Érès, 1999 ; C. Sellenet, La parentalité décryptée. Pertinence et dérives d’un concept, Paris, L’Harmattan, 2007 ; G. Neyrand, « La parentalité comme dispositif. Mise en perspective des rapports familiaux et de la filiation », Recherches familiales, 4, 2007, La filiation recomposée : origines biologiques, parenté et parentalité, p. 71-88 ; repris dans Soutenir et contrôler les parents. Le dispositif de parentalité, Paris, Érès, 2011.
-
[20]
M. Godelier, Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004.
-
[21]
J. Habermas, Théorie de l’agir communicationnel [1981], Paris, Fayard, 1987 ; M. Fize, La démocratie familiale… ; G. Neyrand, Le dialogue familial…
-
[22]
La pluriparentalité, D. Le Gall, Y. Betahar (dir.), Paris, PUF, 2001.
-
[23]
Qui est la mère biologique entre la donneuse d’ovocyte qui transmet ses gènes et la porteuse, qui accouche du bébé ? Cf. G. Delaisi de Paeseval, Famille à tout prix, Paris, Seuil, 2008.
-
[24]
G. Neyrand, « La reconfiguration de la socialisation précoce. De la coéducation à la cosocialisation », Dialogue, n° 200, 2, 2013, p. 97-108. En ligne
-
[25]
J. Fagnani, Un travail et des enfants : petits arbitrages et grands dilemmes, Paris, Bayard, 2000.
-
[26]
Selon l’expression de Monique Sassier.
-
[27]
A. Garapon, D. Salas, Les nouvelles sorcières de Salem. Leçons d’Outreau, Paris, Seuil, 2006.
-
[28]
G. Neyrand, S. Mekboul, Corps sexué de l’enfant et normes sociales. La normativité corporelle en société néo-libérale, Paris, Érès, 2014. En ligne
-
[29]
INSERM, Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent, expertise collective, Paris, 2005.
-
[30]
Le collectif Pas de 0 de conduite, Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans !, Paris, Érès, 2006.
-
[31]
M. Becquemin, « Contrôle et délation, le nouveau rôle des travailleurs sociaux ? », in Faut-il avoir peur de nos enfants ? Politiques sécuritaires et enfance, G. Neyrand (dir.), Paris, La Découverte, 2006, cité dans G. Neyrand, « Conflit des modèles de prévention psychique précoce. À propos de la publication du rapport de l’Inserm (2005) », Informations sociales, n° 140, 4, 2007, p. 64-73.
-
[32]
G. Neyrand (avec la collaboration de M. Dugnat, G. Revest et J.-N. Trouvé), Préserver le lien parental. Pour une prévention psychique précoce, Paris, PUF, 2004 ; Le collectif Pas de 0 de conduite, Enfants turbulents : l’enfer est-il pavé de bonnes préventions ?, Paris, Érès, 2008.
-
[33]
D. Salas, La justice dévoyée. Critique des utopies sécuritaires, Paris, Les Arènes, 2012 ; P. Joxe, Pas de quartier ? Délinquance juvénile et justice des mineurs, Paris, Fayard, 2012.
-
[34]
La famille, ressource ou handicap ?, D. Coum (dir.), Paris, Érès, 2013.
-
[35]
M. Messu, « Du familialisme au parentalisme : quels nouveaux enjeux pour la politique familiale française ? », colloque Le nouveau contrat familial, INRS Montréal, 28-29 février 2008.
-
[36]
G. Neyrand, « Divergence des modèles de prévention précoce », in Pas de 0 de conduite pour les enfants de 3 ans !, p. 141-148 ; Id., « Le corps de l’enfant et la rénovation de la bio-politique », in Métamorphoses du contrôle social, R. Bodin (dir.), Paris, La Dispute, 2012.
-
[37]
G. Neyrand, « Sexualité, maternité, paternité, pouvoir… ».
-
[38]
S. Chalvon-Demersay, « Une société élective. Scénarios pour un monde de relations choisies », Terrain, n° 27, septembre 1996, L’amour, p. 81-100.
-
[39]
G. Fraisse, Du consentement, Paris, Seuil, 2007 ; G. Neyrand, A. Hammouche, S. Mekboul, Les mariages forcés. Conflits culturels et réponses sociales, Paris, La Découverte, 2008.
-
[40]
M. Godelier, Métamorphoses de la parenté, Paris, Fayard, 2004, p. 176.