À l’instar de la nostalgie, l’autorité parentale ne serait plus ce qu’elle était et, de ce fait, on voit fleurir, ici ou là, des « enfants-rois », des « enfants-tyrans », ou des « enfants chefs de famille » (selon le terme de D. Marcelli, 2006), soit les diverses figures des conséquences de l’absence de limites. En juin 2008, le Comité national de l’enfance s’était penché sur la question : « L’enfant-roi ou la perversion des droits de l’enfant ».
Mais comment passe-t-on de l’enfant-roi à l’enfant-tyran ? Sans doute par la non-reconnaissance du besoin de limites qui est l’un des besoins fondamentaux de l’enfant, d’où un nouveau type de maltraitance psychique à côté des maltraitances physique et sexuelle souvent plus spectaculaires. Ce renoncement à fixer des limites aux enfants renvoie, sans doute, à une caricature fallacieuse des positions de F. Dolto, comme on avait pu le sentir à l’occasion du colloque organisé, en 2008 également, à l’occasion du centenaire de sa naissance, 1908/2008. Mais fixer des limites suppose que l’autorité parentale ne soit pas trop pervertie par une dimension d’incertitude, et plusieurs pistes de réflexion sont alors possibles, en lien avec la disparition effective de l’autorité paternelle en tant que telle, malgré la persistance de son inscription symbolique au sein de notre législation familiale issue du Code napoléonien.
Depuis les travaux d’E. Bick (1990), on sait bien comment les enveloppes psychiques s’édifient en dérivation des enveloppes cutanées et groupales (la dyade et la triade ayant valeur de groupe initial)…