L’historien Philippe Ariès (1973) a montré qu’à partir de la fin du XVIIe siècle « la famille est devenue progressivement un lieu d’affection nécessaire entre les époux et entre parents et enfants » (p. 8) et comment le souci de l’éducation des enfants s’est diffusé lentement, avec la scolarisation. L’idée s’est répandue selon laquelle il fallait faire moins d’enfants pour mieux s’en occuper. Mais depuis la fin des années 1960, une nouvelle représentation de l’enfant a achevé de déstabiliser les modalités traditionnelles d’éducation. Certains chercheurs ont parlé de « passion de l’enfant » (Gavarini, 2001) ou du « sacre de l’enfant » (Déchaux, 2014) comme phénomènes contemporains.
Qu’attend-on désormais des parents et comment ceux-ci interprètent-ils aujourd’hui leur rôle ? Nous allons essayer d’éclairer en quoi et pourquoi les progrès des savoirs et de la démocratie ont changé notre représentation de l’enfance et la place qu’on lui attribue ?
L’invention et la légalisation de la pilule ont facilité le recours à la contraception et la loi de 1967, puis celle de 1975 sur l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) sont l’émanation d’une opinion majoritairement favorable à ce que l’enfant soit désiré, c’est-à-dire au refus d’enfants non désirés. La réduction historique de la fécondité à partir des années 1970 (cf. INSEE, 2020) s’exprime par un nouveau comportement qui se généralise : dès leur première union, les couples mettent en place une contraception qu’ils suspendent pour commander l’arrivée de l’enfant, programmé de plus en plus tard, quand toutes les conditions sont réunies pour l’accueillir…