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En 1991, suite à l’affaire du foulard de Creil fut créé le « Comité laïcité République », sous la présidence de Claude Nicolet et Henri Caillavet ; vingt-cinq ans plus tard, en 2016, la République fut de nouveau invoquée comme valeur à défendre lorsque furent créés « Le Printemps républicain » (à l’initiative, notamment, de Laurent Bouvet et de Gilles Clavreul) ainsi que l’association « Viv(r)e la République » (à l’initiative de Céline Pina et de Fatiha Boudjalat).
Ainsi, la défense des valeurs à la fois laïques et républicaines est devenue une cause politique, en même temps qu’une ligne de clivage fortement déstabilisante : elle oppose en effet non plus, comme ce fut le cas durant les grands combats pour la laïcité, une gauche laïque et une droite catholique, mais, à l’intérieur même de la gauche, une tendance républicaine, visant à suspendre les appartenances communautaires, et une gauche radicale, visant à exiger des droits pour les membres de communautés considérées comme victimes de discrimination ou de colonisation. La tension entre ces deux gauches est particulièrement exacerbée concernant la question religieuse et, spécifiquement, islamique (d’où l’étroite imbrication entre républicanisme et laïcité) : ainsi ces deux tendances se déchirent-elles à coups d’invectives, entre « islamophobes », d’un côté, et « islamogauchistes », de l’autre.
C’est dire qu’en une génération le paysage politique s’est profondément métamorphosé : aux questions sociales, économiques et morales, qui organisaient l’essentiel du clivage entre familles politiques, s’est ajoutée peu à peu – voire s’est substituée – la question des droits des minorités et de la reconnaissance qu’il convient de leur conférer, ou pas, dans l’exercice de la citoyenneté…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/09/2020
- https://doi.org/10.3917/deba.210.0169

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