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Dans son compte rendu, intitulé « Nécessité de la sociologie », d’un livre récemment publié par un philosophe et un sociologue et qui plaide pour l’implication de la sociologie « en faveur de la justice sociale, de l’égalité et de la démocratie », l’historien Patrick Boucheron affirmait, dans Le Monde des livres du 7 avril 2017 : « On entend en ce moment les esprits rétrogrades dénoncer le fait que les savoirs sont emportés et impliqués dans une certaine direction politique. Ce sont les mêmes, souvent, qui s’enorgueillissent de leur haine de la sociologie. » J’aimerais défendre ici l’argument opposé : ce n’est pas par haine mais, bien au contraire, par amour de la sociologie qu’il faut refuser aujourd’hui la nouvelle doxa selon laquelle la seule sociologie qui vaille devrait être politiquement engagée. Et plus, même, que par amour pour cette discipline c’est, plus généralement, par respect de la valeur même de savoir et de connaissance, et par souci de préserver pour la recherche scientifique l’autonomie qui lui est nécessaire, qu’il est urgent de faire front face aux innombrables avatars de la sociologie critique qui gangrènent notre discipline, dans une dérive potentiellement suicidaire.
Entendons-nous : il ne s’agit bien sûr pas de disqualifier toute forme d’engagement, mais simplement de le réserver à l’action publique, à la prise de position politique, aux débats d’opinions qui peuvent s’exprimer dans les médias ou dans la rue – éventuellement étayés par des travaux de recherche…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 24/11/2017
- https://doi.org/10.3917/deba.197.0119

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