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Le Débat. – Le mot « socialisme » vous paraît-il encore vouloir dire quelque chose aujourd’hui ? Dès les années 1980, vous avez constaté vous-même que les vieilles recettes keynésio-sociales-démocrates ne marchaient plus. Vous envisagiez alors l’absorption du ps dans un grand parti démocrate à l’américaine. Serez-vous le Président de la fin de l’idée socialiste ?François Hollande. – Le socialisme est un héritage qui plonge loin dans notre histoire, et c’est une idée beaucoup plus qu’une organisation. Je suis socialiste mais je ne suis pas pour la socialisation des moyens de production. Je ne l’ai jamais été. Cela ne correspondait plus à l’idée même du socialisme au début des années 1980, dans les premières années de l’exercice du pouvoir par François Mitterrand, même si cette perspective était encore présente. Le socialisme est une philosophie beaucoup plus qu’une doctrine. Quand Léon Blum évoque ce qui l’a rendu socialiste, il dit que c’est l’idée de justice qui l’a déterminé, et qu’elle n’est pas simplement une envie de partage, mais la volonté d’assurer l’émancipation des individus dans une société organisée. Aujourd’hui, je suis socialiste et je poursuis cette idée de justice tout en assurant le destin d’une nation, pas n’importe laquelle, la France, dans le monde. C’est la question majeure. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Elle était déjà présente dans le mouvement socialiste au début du xxe siècle. Peut-on construire le socialisme dans un seul pays ? N’a-t-il de sens qu’à l’échelle du monde …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 22/09/2016
- https://doi.org/10.3917/deba.191.0003

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