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L’année 2010 a vu l’apparition d’un nouveau slogan dans le discours à la presse du ministre de la Culture en date du 19 janvier : la « culture pour chacun », selon les termes utilisés quarante ans plus tôt par André Malraux. Celle-ci devrait se substituer à une « culture pour tous » qui ne serait qu’une culture « pour toujours les mêmes », en favorisant non plus l’imposition d’une hiérarchie culturelle univoque décrétée par les seuls détenteurs d’un important capital culturel, mais « le respect de la particularité et de la diversité non seulement de la Culture en tant que telle, mais de chacune des cultures qui constituent la richesse inaliénable de l’expérience humaine ». Il s’agirait, autrement dit, d’accompagner l’éclatement des pratiques et des goûts en fonction des sensibilités individuelles, évitant ainsi les effets d’intimidation propres à la culture dite « légitime ».
Voilà qui part certainement d’un bon sentiment, mais qui pose aussitôt une délicate question : dans cette perspective, à quoi peut bien servir un ministère ? S’il s’agit désormais de « laisser faire » les tendances spontanées, qu’est-ce qu’une politique publique peut bien apporter de plus que ne fournissent déjà le marché et les industries culturelles ?
Cette question de la nécessité d’un ministère de la Culture avait déjà émergé ces dernières années ; j’ai personnellement participé, en 2007 et 2008, à deux débats publics sur le thème « Faut-il supprimer le ministère de la Culture ? ». Il s’agissait alors de réagir, non pas aux excès du « laisser-faire » dont nous semblons à présent menacés, mais aux excès de l’emprise des pouvoirs publics sur la vie culturelle ; une emprise qui n’est pas, elle, une simple menace, mais une pratique bien réelle depuis la génération Jack Lang : pour le meilleur, affirment certains, et pour le pire, estiment d’autres…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 29/04/2011
- https://doi.org/10.3917/deba.164.0037

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