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Le temps d’une génération, ou presque, s’est écoulé depuis que l’action du ministère de la Culture a pris l’essor que l’on sait avec l’avènement de la gauche au pouvoir, en 1981, et la nomination d’un ministre – Jack Lang – qui a pris à cœur d’augmenter les crédits autant que l’influence de l’État en matière culturelle. Il est temps d’en dresser le bilan : non pour étayer des positions idéologiques concernant le rôle des pouvoirs publics ou la définition de ce que devrait être la culture, mais afin de guider l’action à venir en corrigeant, lorsqu’il y a lieu, les effets pervers – et nous allons voir qu’il y en a – de décisions souvent bien intentionnées mais pas toujours bien pensées ni, surtout, bien contrôlées dans leur mise en œuvre. Commençons par pointer deux problèmes de fond, avant de redéfinir les limites de l’action ministérielle en matière de création, de démocratisation, de patrimoine et, enfin, de médiation.
Le premier problème auquel se confronte toute action publique en matière de culture est l’antinomie existant entre la logique de création et la logique de diffusion. La première tend, dans une visée avant-gardiste, vers une valorisation de l’originalité, voire de la transgression des canons, qui va forcément de pair avec un processus élitiste, car l’appréciation des entorses à la tradition exige une culture approfondie et spécialisée, permettant une certaine distance avec cette tradition. La logique de diffusion valorise à l’inverse l’accessibilité au grand public, voire au public populaire, donc la préférence pour des propositions relativement canoniques, appréciées des profanes autant que dépréciées par les initiés…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/01/2011
- https://doi.org/10.3917/deba.142.0134

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