Nous remercions Carnet Psy de nous avoir posé la question suivante : « La pédopsychiatrie de ville est-elle possible ? Difficultés, singularités, paysage clinique et liens avec les collègues soignants ». Nous tenterons d’y répondre à deux voix pour illustrer nos modalités de collaboration. Le Dr Marie Touati-Pellegrin, pédopsychiatre, reçoit des bébés, enfants, adolescents et leurs parents à son cabinet. Elle a longtemps travaillé à l’hôpital Necker-Enfants malades et consulte désormais à la Maison de Solenn. Mme Adèle Assous, psychologue clinicienne et maître de conférences à l’Université de Paris-Cité reçoit également des bébés, enfants, adultes à son cabinet dans le cadre de consultations, thérapies, bilans. Elles se sont rencontrées dans le service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker-Enfants malades et collaborent depuis. Leurs approches complémentaires leur permettent des prises en charge complexes de patients et leurs familles en grande souffrance. Leur discussion s’articule autour d’une réflexion générale illustrée par des vignettes de leur clinique.Ce n’est plus un secret pour personne, la médecine en France va très mal. La pédopsychiatrie, parent pauvre de la psychiatrie adulte, est, elle, dans un état critique. La moyenne d’âge des pédopsychiatres en France est de 64 ans. En novembre 2021, Claire Hédon, la Défenseure des droits, dénombrait « 25 départements français sans aucun pédopsychiatre ».
Or la demande de soins est à son comble depuis mars 2020. Le confinement a été traumatique dans bon nombre de familles où les enfants étaient jeunes, en demande légitime d’attention avec des parents en télétravail…