La médiation pâte à modeler s’est imposée dans ma pratique de psychologue-psychanalyste dans la prise en charge de patients souffrant de troubles narcissiques et identitaires pour lesquels la prise en compte du langage sensori-moteur s’est révélée essentielle au travail de symbolisation. Le blanc et le vide représentatif, le retrait psychique, l’impossibilité de sentir en soi les affects, le silence matérialisant l’impossible narrativité des expériences vécues, viennent témoigner de l’existence d’expériences archaïques traumatiques ayant échappé à la symbolisation. La sensorialité sollicitée par la pâte à modeler vient au secours du représentatif dans une écoute qui va croiser associativité verbale et sensorimotrice. L’engagement du corps, celui du patient et du psychologue, va prendre sa place dans la dynamique transférentielle centrée sur l’objet médiateur dont « l’attraction sensorielle va susciter une réactualisation des traces perceptives d’expériences primaires » (A. Brun, 2019).
La rencontre entre le médium, le patient et le psychologue va ainsi conditionner l’émergence et la transformation des modalités de la rencontre entre sujet et son objet primordial façonnée par les expériences traumatiques. Ce travail de transformation de l’expérience première et des processus qui la composent sera rendu possible par l’appui sur les fondamentaux de la psychanalyse : la dynamique transféro-contre-transférentielle, l’associativité verbale qui s’élargira à celle du corps et de l’acte (R…