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Ma première rencontre avec Leslie m’a laissé un souvenir cuisant. La thérapeute de Leslie était partie à la retraite quelques mois auparavant, transmettant peu d’éléments pour la poursuite de la prise en charge. Quelques indices m’avaient laissée naïvement présager une rencontre facile avec une jeune dotée de belles capacités élaboratives, avide de poursuivre le travail engagé jusque-là avec ma prédécesseure. Contre toute attente, c’est le refus et l’opposition qui se sont invités au rendez-vous, me laissant vite désarçonnée.
Je vais tenter dans ce texte de rendre compte de la manière avec laquelle la relation thérapeutique a évolué, malgré les sentiments de rejet réciproques qui ont infiltré les rencontres avec cette jeune fille, que j’ai suivie de ses 14 à 19 ans. Je vais ensuite relater les ouvertures qui sont apparues, après trois années de suivi lorsque, au détour d’une de mes interventions verbales, un autre visage de Leslie est apparu, visage souffrant et non opposant, comme une partie clivée d’elle-même contre laquelle elle luttait sans cesse dans nos rencontres.Lors de notre premier entretien, Leslie a 14 ans et demi, c’est une jeune adolescente, aux allures de petite fille. Cela fait déjà 6 ans qu’elle fréquente le CMP pour un comportement opposant et une forte anxiété, chez une fillette isolée et sans amis.
Ce premier entretien fut vite pénible. Elle ne supporta pas la moindre de mes questions, me disant que « sa vie privée » ne me regardait pas, qu’elle ne voulait pas me parler d’elle et de son histoire…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 18/07/2022
- https://doi.org/10.3917/lcp.254.0019

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