CAIRN.INFO : Matières à réflexion

« L’évènement est oublié mais l’aversion demeure » .
« De quels moyens une génération se sert-elle pour transmettre ses états psychiques à la génération suivante ? »
Les traces liées au trauma des générations antérieures peuvent prendre différents aspects notamment chez les petits et arrières petits-enfants. Elles sont parfois ressenties comme un « encombrement » de perceptions psychiques qui se transmettent, pouvant induire des comportements inscrits ou cachés dans la vie quotidienne. Dans la suite du Congrès des Psychanalystes de Langue Française et de la parution de nouveaux livres sur la Shoah, la question de la transmission transgénérationnelle du trauma est devenue prégnante. Ainsi, dans les 2ème et 3ème générations, peuvent être reconnus dans leur source certains comportements de la vie courante inclus au milieu d’autres actions/réactions, petites manies ou tics, parfois anecdotiques, le plus souvent sans douleur ni souffrance évidente. Lorsque ces traces ou empreintes sont regardées et « touchées », notamment lors d’une écoute ou d’un questionnement analytique, c’est comme si quelque chose de sensoriel se réveillait, vers une potentialité de sens, susceptible ou non d’une élaboration autour des traumatismes des générations antérieures.
Mon écoute avec certains patients et une enquête avec des proches ont fait écho autour de moi.
La question de la transmission de caractères acquis s’est imposée, ainsi qu’une recherche sur l’épigénétique.. qui s’est révélée à la fois troublante et fascinante…

Français

Dans les générations d’après la Shoah, l’auteur relève des traces comportementales, inscrites dans la vie courante, sans souffrance ni douleur apparentes. Elles peuvent être reconnues vers une potentialité de sens lors d’un questionnement ou d’une écoute analytique. La question du lien avec la transmission des caractères acquis et l’épigénétique se pose, la transmission transgénérationnelle d’un affect pouvant être corrélée à des modifications de l’épigénome. Les chercheurs en neurosciences ont démontré une forme de plasticité épigénétique particulière : ces modifications transmissibles seraient réversibles grâce à un environnement dit « enrichi ».
Les thérapies analytiques pourraient-elles en faire partie ? Les recherches en épigénétique ne font que commencer et dépassent la compréhension qu’en ont les scientifiques mais elles convergent toutes vers les principes fondamentaux de la psychopathologie. A l’inverse, il existerait une réelle dimension herméneutique au cœur même du biologique. Freud en avait eu l’intuition très tôt et se sentait bien « audacieux » pour l’époque.

  • traces de traumas
  • liens transgénérationnels
  • transmission de caractères acquis
  • épigénétique
Nicole Kac Ohana
Psychanalyste SPP
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Mis en ligne sur Cairn.info le 06/07/2021
https://doi.org/10.3917/lcp.245.0038
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