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Par ses couleurs, ses intonations, ses accents, son « grain » (Barthes), la voix porte nos ressentis les plus intimes, notre pulsionnalité la plus primitive. Tant elle accompagne inconsciemment notre quotidien communicationnel, la voix nous paraît être une évidence. Outil essentiel de relation et de partage des émotions, la voix pourtant est pour chacun une inconnue. Partie essentielle de notre être le plus profond, la voix est de l’ordre de l’intime et de l’extime, à la fois connue et méconnue du sujet lui-même, une énigme pour la pensée qui vient toujours trop tard pour la saisir et qu’en outre elle menace, entre attraction et répulsion, fascination et inquiétante étrangeté (Ferveur, 2016). C’est du plus intérieur de l’être parlant qu’elle vient témoigner, et l’on sait combien on peut être trahi par sa voix, tant celle-ci véhicule une certaine vérité des profondeurs.
D’abord liées, reliées à la musique, à la mélodie de la « sonate maternelle » (Quignard, 1996), chez le bébé, les vocalisations, les sensations cénesthésiques ou kinesthésiques au niveau du diaphragme, des poumons, au niveau du système larynx-palais-langue-dents-lèvres, l’expulsion ou la rétention de l’air, contribuent aux premières expériences d’unification sensorielle.
Cet exercice fantasmatique du théâtre de la bouche (Meltzer, 1986) résume la synergie fine entre les perceptions sensori-motrices audio-phonatoires et les premières mises en images psychiques issues de l’oralité et du sonore, à la source des premières relations d’objet prototypiques et formes de communication en route vers le langage…
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Auteur
Chanteur lyrique professionnel (La Comédie Française, Opéra de Paris, Royal Albert Hall, Brooklyn Academy of Music…, Ensembles Les Arts Florissants, Les Musiciens du Louvre, Akademia…), professeur de chant (Association Française des Professeurs de Chant).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/11/2020
- https://doi.org/10.3917/lcp.238.0040

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