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De quel amour parle-t-on donc quand on parle d’amour fou ? Après avoir bien trop vite rappelé qu’il n’y a pas d’amour sans folie, et qu’il n’y pas d’amour heureux - l’amour mérite mieux que le bonheur, aussi est-il grave et profond, avec de sublimes soleils et quelques sombres orages ; la question à même de devoir être posée pourrait être la suivante : qu’est-ce qui peut faire (bien ou mal ; après cristallisation ou incubation) aimer à la folie ?
Et la réponse immédiate qui vient me semble-t-il au corps et à l’esprit pourrait être dans une première approximation : ce qui meut et émeut, met en mouvement corps et âme, met en branle l’affect et le désir du sujet (un geste, un regard,…), désir qui s’émeut lui-même et émeut (d’être ému) l’autre en retour.
Les déraisonnables sont ceux qui veulent penser, à leur corps défendant, que la raison raisonnante, pure de toute expérience sensorielle, les mettrait à l’abri de la folie. Ils se ferment dès lors à l’affect et à ses risques de débordement… de l’émotion jusqu’au sentiment (de la dépendance jusqu’à l’aliénation ; de la confusion jusqu’à la dissolution du moi…), ceux qui gèrent leur « commerce » objectal sans perdre de vue l’écart narcissico-objectal, considérant que la liaison amoureuse pourrait, être lésion de soi par envahissement du territoire de leurs propriétés, alors qu’elle est légion d’attractions rythmiques multiples et d’autant d’ouvertures possibles. Bref à ceux qui ont la passion tremblante rappelons que « tout ça n’est qu’un je…
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Auteur
Chef du Service de Psychiatrie de l’adolescent et du jeune adulte à l’Institut Mutualiste Montsouris
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 10/07/2019
- https://doi.org/10.3917/lcp.227.0028

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