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Le transfert est avant tout un processus, le mot, glissant, aérien, presque caressant, le fait sentir. Le transfert est un transport et un rêve, une syncope et une stase, un collapsus aspirateur et libérateur, une illumination et une hallucination, par lesquels les mouvements inconscients appartenant à un vieux fonds émotionnel lié à des états psychiques antérieurs, et attachés à une imago parentale ou ancestrale, (« cette nouvelle marée des mêmes passions ») se trouvent réanimés et agis par la présence en personne de l’analyste.
Ces mouvements déplacés par le patient, moins sur la personne de l’analyste (le patient fait se réincarner dans son analyse un personnage du passé - le transfert est donc répétition, compulsion à reproduire) que sur le lieu où cette rencontre à l’heur d’être. Tant il est vrai que lorsqu’on dit « la Mère, c’est à la Maison » de l’enfance que l’on pense : « Home is where we start from » rappelait D. Winnicott.
Le transfert est désir et fantasme, et comme l’amour ou l’inspiration, il se pose là où il peut et là où ça lui est nécessaire, plus qu’il ne choisit ou élit le lieu de son alunissage. Le thérapeute est investi comme un personnage (avant que comme une personne) et non comme une fonction (complexe quant au médecin). Aussi, le médecin suffisamment bienveillant devrait-il investir le personnage et la personne qu’est son patient - un semblable autre-dissemblable, plutôt que le « malade mental » qui se présente à lui.
Le transfert préexiste aux objets que l’on va investir et qui s’avancent vers nous, et pourront devenir source d’aliénation en fonction de leurs natures ou qualités comme de l’intensité de la quête, de la massivité et de la brutalité du besoin que nous en avons…
Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 31/01/2018
- https://doi.org/10.3917/lcp.213.0020

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