1En ce début d’année électorale où il sera beaucoup question de sécurité, il n’est pas inutile de rappeler le rapport que l’Académie de Médecine a consacré en juin 2003 à la prévention des troubles psychiques [1].
2Le soin n’y est pas défini comme une façon d’assurer “l’état de bien-être physique et psychique” dont parle l’OMS, mais comme la condition pour “espérer (une) baisse de la violence” et une “diminution des comportements à risque”. Suivent une liste de mesures visant à mettre tous les travailleurs du champ social et éducatif à contribution pour récolter des données chiffrées sur chaque enfant, données dont l’Académie demande qu’elles soient conservées sans limitation de durée et non pas détruites à 6 ans comme le préconise la CNIL. Et comme le rôle de l’environnement est sans cesse rappelé, on peut craindre que ces rapports débordent peu à peu le cadre de l’enfant pour concerner aussi ses proches…
3Tout cela, bien sûr, est justifié par l’idéal d’une société saine. Mais c’est malheureusement un idéal semblable qui a nourri les plus terribles entreprises liberticides du XXème siècle. Sous prétexte d’éradiquer la dépression, la délinquance et la toxicomanie, l’Académie peut-elle ignorer les retombées politiques possibles de son programme ?
Notes
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[1]
“Sur la santé mentale de l’enfant de la maternelle à la fin de l’école élémentaire”. Rapporteur : M. Tubiana.