CAIRN.INFO : Matières à réflexion

En devenant l’objet d’une préoccupation politique (Fassin, 2003), la santé publique mise sur la logique de prévention en s’appuyant sur les acteurs, dans une perspective qui mêle l’approche individualiste de la santé par la médecine et l’approche collective des populations par la démographie. La médecine procède par l’identification des risques de maladie pour un patient soumis aux agressions potentielles externes (microbes) ou aux dérèglements de son comportement (Laplantine, 1989). À des fins de prévention, cette logique médicale rencontre l’approche démographique qui identifie à l’intérieur de la population des catégories spécifiques en croisant des caractéristiques identitaires (sexe, âge, CSP) ou comportementales (pratiques particulières) pour définir des populations à risque (Peretti-Wattel, 2004). La prévention est promue comme le moyen d’action privilégié dans le champ de la santé. Les programmes de prévention illustrent particulièrement bien le déploiement du principe d’efficacité managériale dans le traitement des problèmes sociaux. À ce titre, dès qu’un phénomène préoccupant apparaît directement lié aux pratiques et aux habitudes des individus il va alors s’agir de responsabiliser, et par là de transférer sur l’individu lui-même la charge de tout ce qui lui arrive(Martuccelli, 2010, p. 215). Ce phénomène se généralise à tous les secteurs de la société.
L’assurance maladie est un exemple particulièrement prégnant des tensions entre propriété sociale et propriété privée en matière de santé (Castel, 1995) dans un contexte de redressement financier…

Français

Cet article analyse les effets de la prévention sanitaire en France, en prenant pour exemple la nutrition. Il montre plus particulièrement les effets de la démarche individuelle de prévention sur le processus de responsabilisation, notamment lorsque celle-ci s’adresse à un acteur dont la responsabilité reste ambiguë : l’enfant. Une ethnographie de la mise en œuvre d’un programme d’éducation nutritionnelle qui porte les référentiels du Programme national nutrition santé dans les écoles de deux départements exemplifie la variation des traductions locales des recommandations nutritionnelles. L’inculcation des « bonnes pratiques » de consommation alimentaire aux enfants de maternelle s’effectue dans des contextes scolaires différents. Y sont déclinés tant le rôle central attribué à l’enfant en tant qu’acteur que sa responsabilité plurielle, comme consommateur et comme relai des bonnes pratiques pour sa famille. Cette ambivalence s’actualise dans un contexte scolaire qui mise sur l’importance sociale que revêt la santé de l’enfant pour changer ses comportements, tout en s’appuyant sur sa parole pour générer une mobilisation des mondes sociaux qui l’entourent.

  • petite enfance
  • responsabilité
  • école
  • éducation nutritionnelle
Émilie Gaborit
CRESCO (EA 7419), Université Paul Sabatier Toulouse 3, F2SMH-STAPS, 118 route de Narbonne, 31062 Toulouse, Cedex 9.
Gérard Neyrand
CRESCO (EA 7419), Université Paul Sabatier Toulouse 3, F2SMH-STAPS, 118 route de Narbonne 31062, Toulouse, Cedex 9.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 08/02/2022
https://doi.org/10.3917/rief.049.0181
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