Cet article analyse les effets de la prévention sanitaire en France, en prenant pour exemple la nutrition. Il montre plus particulièrement les effets de la démarche individuelle de prévention sur le processus de responsabilisation, notamment lorsque celle-ci s’adresse à un acteur dont la responsabilité reste ambiguë : l’enfant. Une ethnographie de la mise en œuvre d’un programme d’éducation nutritionnelle qui porte les référentiels du Programme national nutrition santé dans les écoles de deux départements exemplifie la variation des traductions locales des recommandations nutritionnelles. L’inculcation des « bonnes pratiques » de consommation alimentaire aux enfants de maternelle s’effectue dans des contextes scolaires différents. Y sont déclinés tant le rôle central attribué à l’enfant en tant qu’acteur que sa responsabilité plurielle, comme consommateur et comme relai des bonnes pratiques pour sa famille. Cette ambivalence s’actualise dans un contexte scolaire qui mise sur l’importance sociale que revêt la santé de l’enfant pour changer ses comportements, tout en s’appuyant sur sa parole pour générer une mobilisation des mondes sociaux qui l’entourent.
- petite enfance
- responsabilité
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- éducation nutritionnelle