CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Le 13 mars 1975, dans une conférence historique, Myriam David énonce ainsi : « Le problème des placements d’enfants est un sujet qui m’a toujours beaucoup passionnée, parce que je trouve que ces placements de jeunes enfants sont au fond une espèce de scandale dont on n’arrive pas à se débarrasser, et je pense qu’il faut donc beaucoup y réfléchir et beaucoup y travailler pour arriver quand même à des résultats moins désastreux que ceux auxquels on arrive encore trop souvent. C’est d’autant plus navrant que finalement, quand on plaçait tout de même des enfants, c’était pour les sauver ». Elle souligne à quel point la décision de placement de l’enfant est prise dans des enjeux de protection qui conduisent pourtant parfois à des effets délétères contraires à l’intention de départ.
Cet article s’intéresse ainsi à la prise de décision lors du placement d’un enfant dans le cadre de la protection de l’enfance en France qui repose sur un triptyque composé du service départemental d’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), de l’autorité judiciaire et du secteur associatif habilité. La direction de l’information légale et administrative stipule que « le placement d’un enfant est une mesure de protection qui retire un mineur de son milieu familial. C’est une mesure exceptionnelle qui n’est prise que lorsque le maintien dans le milieu familial expose l’enfant à un danger ».
La décision de placement peut relever de la protection judiciaire : le juge des enfants est saisi par le procureur de la République…

Français

Reposant sur le triptyque de l’Aide Sociale à l’enfance (ASE), l’autorité judiciaire et du secteur associatif habilité, la décision de placement a plusieurs origines. La politique publique de protection de l’enfance énoncée dans la loi du 14 mars 2016 et les réformes en cours en ont modifié l’approche et les différentes étapes. L’ambivalence et les conflits de loyauté de l’enfant « associé aux décisions qui le concernent selon son degré de maturité » (L.112-3, Loi no 2016-297) et/ou les processus subjectifs des professionnels peuvent aussi l’influer. « L’intérêt supérieur de l’enfant » qui n’est plus exclusivement sous la tutelle du père, la mère et l’État ayant progressivement conquis leurs places, est une notion récente. Cependant un nombre, sans cesse grandissant, d’enfants ne peut plus être accompagné de manière adaptée. La coordination interinstitutionnelle est complexe. La loi du 5 mars 2007 tente d’y remédier (Jonard, 2013). Dans ce souci de linéarité, nous insisterons sur la complexité des prises de décisions, les mécanismes qui les sous-tendent et leurs conséquences possibles, ainsi que la volonté des intervenants dans les pratiques.

  • Placement
  • enfant
  • protection
  • décision
  • politique publique
Aziz Essadek
Psychologue clinicien, Maître de conférences à l’Université de Lorraine Laboratoire INTERPSY.
Adèle Assous
Psychologue clinicienne, Maître de conférences à l’Université de Paris Laboratoire CRPMS.
Djamila Rezgui
Éducatrice de Jeunes Enfants, directrice de structures petite enfance, ancienne cheffe de service en prévention précoce.
Gérard Shadili
Médecin responsable de l’unité fonctionnelle d’addictologie du département universitaire de Psychiatrie de l’adolescent et de l’Adulte jeune du Pr Maurice Corcos – Institut Mutualiste Montsouris.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 11/06/2021
https://doi.org/10.3917/psye.641.0211
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