Le récent intérêt (années 2010) des équipes médicales et obstétricales pour le vécu des femmes qui ont fait l’expérience d’une hémorragie du post-partum (HPP) interroge le traumatisme comme paradigme de cette situation en périnatalité. Cette clinique se situe aux confins de plusieurs champs : la clinique périnatale, la réanimation et les expériences extrêmes du corps.
L’équipe médicale d’un service hospitalier parisien s’est interrogée sur les difficultés d’un certain nombre de femmes devenues mères à entrer en relation et à s’intéresser à leur bébé, une fois stabilisées et sorties de réanimation. En collaboration interdisciplinaire avec ces somaticiens, la question s’est posée de savoir si cette difficulté à investir leur enfant pouvait s’associer à l’expérience traumatique que ces parturientes venaient de vivre.
Dans ce dessein, entre 2011 et 2012, une première recherche psychologique a été réalisée. Seules les données quantitatives ont fait l’objet d’une analyse (Ricbourg et al., 2015). Une étude doctorale prolonge les objectifs de cette première recherche médico-psychologique. À partir des données qualitatives jusqu’alors inexploitées, le travail présenté ci-après vise à repérer les motifs conscients et inconscients des difficultés, voire de l’impossibilité de ces femmes à s’engager dans la rencontre avec leur bébé, ainsi qu’à explorer la singularité du vécu de l’HPP. Deux situations cliniques rendent compte de notre travail de recherche.
Quelle que soit la voie d’accouchement, l’HPP est définie par l’Organisation mondiale de la santé comme « une perte sanguine d’au moins 500 millilitres survenant dans les 24 heures qui suivent l’accouchement » (OMS, 2014, p…