CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Né en 12 après Jésus-Christ, Caius Julius César Germanicus, plus connu sous le nom de Caligula, a accédé au principat à la suite de la mort de Tibère le 17 mars 37 (ap. J.-C.) et fut assassiné le 24 janvier 41 à Rome, à l’âge de 28 ans. Personnage ayant suscité de multiples études psychologiques et psychiatriques, Caligula garde l’image archétypique du tyran, sanguinaire, « dément » et « fou », au point que sa désignation aux plus hautes fonctions ait pu être considérée comme une des pires décisions de l’histoire [1]. De multiples diagnostics ont été proposés, tels que les psychoses chroniques (schizophrénie, psychose paranoïaque), les troubles de la personnalité (perversion, psychopathie, personnalité histrionique, personnalité épileptique), la maladie bipolaire, et enfin des diagnostics plus atypiques (hyperthyroïdie, épilepsie temporale, syphilis tertiaire [2], et saturnisme [3]). Cependant, la question de la « folie » paraît avoir été tranchée de façon particulièrement claire par Baratta et Halleguen [2] et Sidwell [4] qui, au terme de revues de littérature particulièrement exhaustives, écartent les diagnostics de schizophrénie et de psychose paranoïaque, trop éloignées cliniquement du profil de Caligula, en dépit de quelques analogies lointaines. La question du profil psychologique restait cependant largement ouverte.
Les sources concernant Caligula sont limitées, à notre connaissance, à neuf auteurs. Trois furent les contemporains de Caligula : Pline l’Ancien [5], appartenant à un ordre humilié par Caligula, Sénèque [6], sénateur et intrigant, en opposition ouverte au tyran et lui vouant une haine personnelle féroce, et enfin Philon d’Alexandrie [7], représentant des Juifs d’Alexandrie, humiliés et maltraités par Caligula…

Français

Introduction. Longtemps considéré comme l’archétype du tyran sanguinaire, Caligula a fait l’objet de multiples études psychologiques et psychiatriques donnant lieu à une multitude de diagnostics. Les travaux d’historiens contemporains, en modifiant un portrait initialement dressé par des détracteurs, autorisent une nouvelle analyse. Objectif et méthodes. Affiner la psychopathologie de Caligula au vu des récentes exégèses historiques. Résultats. Son exercice du pouvoir fut initialement raisonnable et judicieux, puis devint subitement marqué par l’extravagance, le despotisme et la terreur. Chronologiquement, le tournant du règne correspond au décès de sa sœur Drusilla et à la révocation de Naevius Sutorius Macro. Par ailleurs, l’histoire précoce de l’empereur fut marquée d’événements traumatiques significatifs. Conclusions. Caligula fut certainement aussi bien victime de son impréparation au pouvoir et de l’idéologie aristocratique de l’époque, que d’une quête personnelle, narcissique et identitaire, profondément marquée par son histoire précoce.

Mots clés

  • profil psychologique
  • pouvoir
  • narcissisme
  • identité
  • personnalité
  • psychopathologie
  • Antiquité
  • Caligula
Vincent Mahé
Psychiatre des hôpitaux Grand Hôpital de l’Est francilien, Pôle de psychiatrie et addictologie, Site de Meaux 6-8 rue Saint-Fiacre 77100 Meaux, France
vmahe@ghef.fr
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/10/2021
https://doi.org/10.1684/ipe.2021.2306
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