La thérapie familiale a émergé aux États-Unis dans les années 1950 et a été importée en Europe dans les années 1970 par des psychiatres qui sont devenus les figures de proue de cette approche thérapeutique (Mara Selvini Palazzoli, Maurizio Andolfi, Mony Elkaïm…). Dans les pays francophones, le courant de la thérapie familiale a pris son essor dans les années 1980, avec l’intégration de cette approche dans des institutions psychiatriques et médicosociales, la fondation de plusieurs centres de formation et la création de collections et de revues spécialisées (voir notamment les revues Cahiers critiques de thérapie familiale et de pratiques de réseau et Thérapie familiale). À partir de son ancrage initial dans les théories de la communication et des systèmes diffusés par l’École de Palo Alto, la thérapie familiale francophone s’est enrichie d’autres références théoriques, issues du constructivisme, de la psychanalyse ou encore des thérapies contextuelle, brève et narrative, et s’est déployée en plusieurs orientations [1].
Un demi-siècle après l’émergence du courant francophone de la thérapie familiale, nous avons convié trois de ses représentants historiques à dresser un bilan de l’évolution de cette approche : Serge Hefez, Robert Neuburger et Édith Goldbeter-Merinfeld. Nous avons interrogé ces trois thérapeutes, qui exercent dans des pays francophones différents – respectivement : la France, la Suisse et la Belgique –, sur les grands enjeux de la thérapie familiale contemporaine : sa place dans le paysage des psychothérapies, la formation, les défis à venir……