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L’Economie politique : Un développement soutenable suppose une transformation profonde des modèles productifs et sociaux. Ce processus requiert-il selon vous un renforcement des capacités de planification ? Est-il compatible avec le primat donné à la concurrence au sein du marché unique, à l’ouverture commerciale et à la financiarisation de nos économies ?Jean Pisani-Ferry : Compatible avec l’économie de marché, oui. Avec le primat donné aux équilibres de marché, non. Nous sommes entrés dans un monde marqué d’abord par de fortes externalités, dont le marché ne tient pas compte spontanément, et ensuite par l’allongement de l’horizon temporel et la nécessaire prise en compte des conséquences lointaines des décisions prises aujourd’hui. Pour ces deux raisons, le régime de politique économique inauguré dans les années 1980 est périmé.
Ce régime se caractérisait en effet par la primauté du marché et un périmètre limité pour l’Etat, qui n’était supposé avoir de vues ni sur les finalités de long terme et le modèle de développement, ni sur le choix des technologies. Bien sûr, ce régime n’a pas vraiment été mis en place en Europe, singulièrement en France. Mais il fournissait un point de référence. Son obsolescence est un fait majeur.
De plus, la solution au défi climatique qui a en général la préférence des économistes – traiter les questions environnementales par les prix, notamment celui du carbone, pour prendre en compte les effets externes des actions individuelles, et laisser ensuite jouer les mécanismes du marché – ne fonctionne pas : le pilotage par les prix est rationnel, mais il n’est ni socialement ni politiquement accepté…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 09/02/2021
- https://doi.org/10.3917/leco.089.0075

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