Les enjeux les plus visibles et immédiats qui pèsent sur l’Etat-providence sont liés au vieillissement de la population et au ralentissement de la croissance économique. La première évolution appelle de nombreuses dépenses à venir (plus de retraites à payer plus longtemps, plus de dépenses de santé, plus de personnes âgées dépendantes à prendre en charge), tandis que l’autre signifie une raréfaction des ressources (du fait de la stagnation des salaires, du chômage, de l’apparent blocage de la productivité du travail). Pour sortir de cette impasse, il convient de déplacer le regard pour le porter sur les mutations économiques et sociales profondes qui ont marqué ces dernières décennies. C’est dans les réponses à ces mutations que se trouvent aussi les solutions au dilemme apparent de l’Etat-providence.
Les débats sur l’avenir de l’Etat-providence sont marqués par la peur de manquer de ressources pour faire face à une demande croissante de dépenses pour les régimes de protection sociale en place. Dans ce débat, les uns demandent des ressources supplémentaires (augmentation des cotisations sociales, plus de moyens pour les politiques sociales) afin de financer l’existant, tandis que les autres le refusent au nom de la raison économique. Pour ces derniers, faible croissance et chômage seraient dus à un coût du travail excessif, lui-même explicable par le niveau élevé des cotisations sociales. Dans ce débat, l’économique et le social se regardent en ennemis.
Ce dilemme oublie cependant deux évolutions profondes de nos économies et de nos sociétés…