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L'idée d’éduquer les parents pour les inciter à mettre au monde et mieux éduquer des enfants est un projet politique et social inscrit dans l’histoire. Au cours du XIXe siècle, deux traditions sont esquissées. Aux États-Unis, la question qui domine les décennies qui suivent la guerre civile (1861-1865) lie le destin du pays à l’éducation de ses nouveaux membres par les Republican Mothers. En Europe, l’enjeu est surtout de lutter contre la mortalité infantile. En comparant les initiatives des deux côtés de l’Atlantique au tout début du XXe siècle, les historiens en ont repéré deux formes contrastées, que Catherine Rollet, historienne et démographe, distingue de la manière suivante : « L’une à dominante plus médicale et masculine caractérisée par le système des consultations-Gouttes de lait pour les enfants vivant avec leurs parents et par la surveillance médico-administrative à domicile des enfants placés en nourrice ; l’autre plus féminine et sociale et plus continûment orientée vers la visite à domicile des mères et des familles, qu’elles soient gardiennes de leurs propres enfants ou de ceux d’autrui. » En Europe, donc, des hommes, médecins et démographes, qui privilégient les enjeux d’hygiène et de santé publique ; aux États-Unis, des femmes, militantes et dames d’œuvre, plus préoccupées de questions sociales et de pratiques de maternage.
Ces deux traditions vont façonner deux cultures différentes. Des années 1920 aux années 1960, le modèle porté par les child sciences et les spécialistes du développement de l’enfant impose peu à peu sa vision de l’enfance et de l’éducation des parents ainsi que leurs pratiques des deux côtés de l’Atlantique…
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Auteur

Sociologue, directeur de recherche au CNRS et titulaire de la chaire Enfance, bien-être et parentalité à l’EHESP, il est l’auteur, entre autres, d’« Être un bon parent ». Une injonction contemporaine (Presses de l’EHESP, 2014).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/11/2022
- https://doi.org/10.3917/epar.hs3.0012

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