Les pays occidentaux ont connu une évolution considérable de la reconnaissance de l’homosexualité en quelques décennies. Considérés encore comme des malades ou des pervers dans les années 1960, les homosexuels ont obtenu, au début des années 2000, le droit de se marier et de fonder une famille. Une telle évolution n’a été possible que parce que les sociétés se sont de plus en plus affranchies des impératifs moraux et religieux qui encadraient la sexualité.
Il n’en va pas de même dans le reste du monde, et en particulier dans les pays à régime autoritaire, où le pouvoir présente les réformes sociétales réalisées dans les démocraties comme un signe de décadence morale dont il faut se protéger. Les politiques, souvent avec l’appui de certaines autorités religieuses, incitent les peuples à rejeter les homosexuels, allant jusqu’à cautionner les agressions, parfois mortelles, qu’ils peuvent subir. C’est le cas dans un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne, où l’homosexualité est susceptible de valoir de lourdes peines de prison, voire la peine de mort, comme au Soudan et en Somalie.
Les divers travaux d’anthropologie réalisés sur les sociétés d’Afrique subsaharienne décrivent pourtant des exemples d’homosexualité intégrée dans les structures, souvent complexes, de la parenté sur le continent, aboutissant parfois à des unions acceptées par l’environnement social, à défaut de l’être par le droit et la puissance publique. On constate en effet, parmi les différentes formes que prennent les familles en fonction des représentations culturelles de la sexualité et de la filiation, l’existence de familles homoparentales qui ne diffèrent guère, dans leur fonctionnement, de l’ensemble des ménages…