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L’éducation entre pairs a longtemps été pratiquée, tant que les institutions à vocation éducative étaient inexistantes ou limitées à de petits cercles de privilégiés. En Europe, l’école ne commence à se démocratiser réellement qu’avec la Révolution française. Les enseignants professionnels réduisent alors le recours à l’éducation entre pairs. Dans les pays en développement, du fait de l’insuffisance de l’offre scolaire, ce type d’éducation se rencontre encore. Il a le mérite de faciliter la socialisation des enfants. Il faut entendre, par socialisation, « tout processus par lequel un individu destiné à vivre dans une société donnée s’adapte aux normes qui structurent cette société ».
Le collectif enfantin constitue un milieu idéal pour l’apprentissage du vivre ensemble à condition qu’il soit contrôlé, de façon directe ou indirecte, de l’extérieur par les adultes. S’il se constitue en l’absence de toute supervision responsable et bienveillante, le risque est qu’il soit dominé par les individus les plus autoritaires. Cela peut conduire à la situation décrite dans Sa majesté des mouches : quinze enfants de 6 à 13 ans se retrouvent sur une île déserte après le crash de leur avion, qui a tué tous les adultes. Ils vivent d’abord sous l’influence de Ralph, bel exemple de l’éducation à la britannique. Esprit raisonnable, il organise paisiblement la vie des enfants en attendant des secours. Mais il est vite concurrencé par Jack, qui les conduit vers le chaos et assassine sauvagement deux d’entre eux…
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Auteur

Sociologue et anthropologue, docteur en ethnologie et en urbanisme, directeur de recherche émérite au CNRS. Dernier ouvrage paru : Parents, enfants, école : approches transculturelles (érès, coll. « L’école des parents », 2020).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/05/2022
- https://doi.org/10.3917/epar.643.0058

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