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Dans la fratrie, l’enfant handicapé peut être considéré comme un fardeau, un concurrent, un don de Dieu… Le facteur culturel joue un rôle non négligeable dans l’accueil qui lui est fait.
Le conte Le Vilain Petit Canard, de Hans Christian Andersen, met en scène une famille de ces palmidés dans laquelle naît un individu qui paraît très laid aux yeux de sa fratrie. Rejeté par son père, mal aimé par sa mère, battu et raillé par ses frères et sœurs, il finit par s’enfuir. Presque partout où il va, il est tourné en ridicule en raison de sa différence jusqu’à ce que, devenu un beau cygne, il s’intègre à un groupe de ses congénères et découvre enfin une fratrie amicale et bienveillante. Cette histoire, riche en symboles, exprime le drame de la différence, vue comme un obstacle à l’acceptation par les autres, suscitant non la pitié mais au contraire une cruauté gratuite. Pour Andersen qui, toute sa vie, se sentit mal aimé, il exprime le drame et la revanche du génie incompris. Au-delà de ce cas particulier, le récit amène à s’interroger sur le rôle de la fratrie dans l’acceptation d’un enfant différent, du fait d’une caractéristique particulière, d’un handicap physique ou mental, par exemple. Dans les sociétés développées d’aujourd’hui, les fratries sont, la plupart du temps, restreintes, ce qui implique, pour les rares frères et sœurs d’un enfant handicapé, une lourde participation à sa prise en charge. La perception qu’ils ont de lui dépend beaucoup de la place qu’il occupe dans la fratrie…
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Auteur

Sociologue et anthropologue, docteur en ethnologie et en urbanisme, directeur de recherche émérite au CNRS. Dernier ouvrage paru : Parents, enfants, école : approches transculturelles (érès, coll. « L'école des parents », 2020).
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2022
- https://doi.org/10.3917/epar.642.0058

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