Article
Quand les frères et sœurs d’une personne en situation de handicap deviennent adultes et ont à construire leur propre vie, la question de leur rôle vis-à-vis d’elle se pose inévitablement. Encore plus quand les parents vieillissent, puis décèdent. Nos deux invitées débattent des enjeux de ce positionnement, pas toujours aisé.L’entrée dans l’âge adulte est-elle vécue comme une libération par les frères et sœurs d’une personne en situation de handicap ?Régine Scelles : Toutes les réactions sont possibles ! Telle personne peut s’installer à l’autre bout du monde pour ne plus avoir à supporter cette difficulté au quotidien. Mais telle autre va choisir un métier dont les horaires lui permettront de continuer à être présente auprès de son frère ou de sa sœur en situation de handicap. Une autre encore, qui pendant l’adolescence ne voulait plus en entendre parler, s’en rapprochera à l’âge adulte. Rien n’est figé. Cela peut aussi différer grandement entre les membres d’une même fratrie, l’un prenant ses distances, un autre restant très investi.Alexandra Grévin : D’après ce que j’observe dans ma clientèle, les parents s’occupent de leur enfant en situation de handicap tant qu’ils en ont la force, soucieux de ne pas faire peser ce poids sur leurs enfants adultes à un moment de leur vie où ils ont tout à construire. Mais, le plus souvent, un des enfants est désigné comme celui qui prendra le relais. J’ai ainsi vu un homme qui, dès l’âge de 20 ans, a su qu’il devrait prendre soin de son frère handicapé à la mort de ses parents : conscient du fait que cette charge lui incomberait un jour, il a sciemment décidé de ne pas avoir d’enfants…
Auteurs

Professeure de psychopathologie à l’université de Paris-Nanterre et psychologue clinicienne, elle a beaucoup travaillé sur la fratrie confrontée au handicap. Elle est notamment l’auteure de Liens fraternels et handicap, de l’enfance à l’âge adulte (érès, 2010) et, avec Monique Sassier, d’Assurer la protection d’un majeur : question incontournable pour les frères et les sœurs (Éditions du Ctnerhi, 2002). Régine Scelles est présidente du conseil scientifique de la Fnepe.

Avocate au barreau de Paris, spécialisée dans le droit du handicap et cofondatrice de Fragilis, un groupement d’intérêt économique qui conseille les familles touchées par le handicap. Elle est aussi l’auteure de deux ouvrages aux Éditions du Puits fleuri : Droit du handicap. Guide juridique et pratique pour connaître vos droits (2013) et Face à l’autisme. Guide juridique et pratique pour connaître vos droits (2010).
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2022
- https://doi.org/10.3917/epar.642.0054

Veuillez patienter...