- En quoi l’inceste est-il une violence sexuelle si particulière ?
- Tous les incestes se ressemblent-ils ?
- Quand il est victime d’inceste, un enfant comprend-il ce qui lui arrive ?
- La plupart des enfants abusés par un parent gardent-ils le silence ?
- Pourquoi la parole de l’enfant victime est-elle si difficilement entendue par l’entourage familial ?
- Les mères sont-elles souvent complices d’un inceste ?
- Quand il ne réussit pas à dénoncer les faits, un enfant abusé envoie-t-il malgré tout des signaux qui peuvent alerter ?
- Certaines personnes ne se souviennent de l’inceste subi dans l’enfance que des années plus tard. Comment est-ce possible ?
- Se souvenir est-il indispensable pour aller mieux ?
Article
Hélène Romano : Le Code pénal précise que les viols et agressions sexuelles sont qualifiés d’incestueux lorsqu’ils sont commis sur la personne d’un mineur par un ascendant (parent, grand-parent), un frère, une sœur, un oncle, une tante, un neveu, une nièce ou le conjoint d’une de ces personnes. Quand un enfant est agressé sexuellement par un membre de sa famille, on peut véritablement parler d’un crime « généalogique » : c’est son identité et sa filiation qui sont attaquées. Sa croyance en un entourage familial protecteur est anéantie, en même temps que son sentiment de sécurité personnel. Très souvent, il porte le même nom que son agresseur, ce qui constitue une violence supplémentaire. Sans compter qu’il doit continuer à vivre avec lui ou au moins le côtoyer régulièrement.H. R. : Dans 90 % des cas, le scénario est assez similaire et se déroule de manière très progressive. Dans un premier temps, l’auteur s’attache à installer une complicité avec l’enfant : il joue avec lui, est gentil, attentionné. Une fois son emprise bien ancrée, il commence à commettre des gestes déplacés (caresses, attouchements, par exemple). L’enfant nage en pleine confusion, tous ses repères sont brouillés. Puis survient éventuellement le viol, toujours accompagné de la notion de secret : tu ne dois surtout en parler à personne. Pour obtenir le silence, l’agresseur peut offrir des cadeaux à l’enfant ou bien le terroriser (si tu parles, ta maman s’effondrera/ on nous enlèvera la maison). Dans 5 % des cas environ, le parent incestueux se montre très violent avec l’enfant, le menace avec un couteau, le frappe…
Plan
Auteurs

Spécialiste de la prise en charge des blessés psychiques, elle est docteure en psychopathologie clinique, droit privé et sciences criminelles, et experte près les tribunaux. Elle a coordonné, avec Natacha Bras, Amnésie traumatique. Des vies de l’ombre à la lumière (éditions Ré Équi’libre, 2020). Les droits d’auteur de cet ouvrage sont intégralement reversés à l’association Ré Équi’libre, qui mène des actions auprès des victimes de viol et d’agression sexuelle.
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 25/11/2021
- https://doi.org/10.3917/epar.hs1.0046

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