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Oubliez les clichés, prévient Jean-Pierre Bellon, qui présentent les gentilles victimes d’un côté, les méchants harceleurs de l’autre et, entre eux, des témoins neutres : « Cette représentation caricaturale rassure, car les harceleurs, ce sont toujours les enfants… des autres ! Mais la réalité est plus complexe. » Lui qui travaille sur le sujet depuis des années n’a jamais rencontré de monstres. Il oblige d’ailleurs les enseignants qu’il forme à plonger trente ans en arrière : « Vous n’avez jamais ri avec les rieurs ? » Une réponse fuse : « Si ! Cela me revient : à l’école, il y avait une fille qu’on appelait tous “Rhinocéros”… Je n’y avais jamais repensé. » L’enseignante, comme bien des harceleurs, avait oublié. Mais « Rhinocéros », elle, s’en souvient sûrement.
« Il n’y a qu’à la maison que j’étais tranquille. »
Je suis fille unique, et je me suis toujours sentie en décalage par rapport à mes camarades. Quand j’avais 7 ans, à la séparation de mes parents, ma mère et moi avons déménagé. Dans la nouvelle école, tout ce qui me rendait différente des autres dérangeait : ma passion pour la nature, ma maturité, mon look, mes cheveux très longs… Beaucoup d’élèves tiraient dessus dans la cour (je ne supporte toujours pas qu’on les touche !).
En CM1, je suis devenue le souffre-douleur d’une cheffe de bande ; je passais mes récréations enfermée dans les toilettes. Ma mère m’a changée d’école. En sixième, un garçon de ma classe terrorisait tout le collège… et moi, bien sûr …
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/11/2021
- https://doi.org/10.3917/epar.641.0038

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