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Depuis la décentralisation des années 1980, la protection de l’enfance relève des départements. Sont-ils les principaux responsables du fonctionnement chaotique de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ?
Non, bien sûr. Le naufrage de ce système est multifactoriel et ne peut incomber aux seuls départements. C’est la machine tout entière qui est délabrée et à bout de souffle, minée par les disparités entre les territoires, mal coordonnée et mal pilotée au niveau national. En juillet 2020, la Cour des comptes a d’ailleurs rendu un rapport accablant sur la protection de l’enfance : 70 % des jeunes de l’ASE en sortent sans le moindre diplôme alors que leur prise en charge représente chaque mois le coût d’une grande école de commerce ! Même s’ils ne sont pas les seuls fautifs, les départements ont une part de responsabilité dans ce gâchis. Certains font des coupes claires dans les budgets de l’ASE, supprimant des places dans les foyers, taillant dans les effectifs des travailleurs sociaux, leur imposant une logique managériale et administrative dans leur manière de travailler. Les éducateurs et assistants sociaux ont de plus en plus d’enfants à suivre, on leur demande avant tout de « cocher des cases » : ils n’ont plus le temps ni les moyens de mettre en place une prise en charge individualisée pour chaque enfant en fonction de son histoire et de ses besoins et, pour les mêmes raisons, sont conduits parfois à bâcler leurs enquêtes sociales. C’est ainsi que de nombreux signalements, émanant notamment de l’Éducation nationale, n’aboutissent pas, n’ayant pu être traités sérieusement…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 15/11/2021
- https://doi.org/10.3917/epar.640.0021

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