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En France, comme dans la plupart des pays occidentaux, le suivi de la grossesse et l’accouchement ont connu une médicalisation croissante avant qu’apparaissent quelques réactions à ce « tout-médicalisé », visant à rendre les femmes davantage actrices de leur maternité, en s’y préparant personnellement, et à y associer leurs proches, en particulier leur conjoint. Les hommes sont de plus en plus nombreux à suivre des séances de préparation à l’accouchement et à participer à ce dernier. Il leur est ainsi possible de « devenir parent » de façon active. Les deux parents sont alors étroitement associés, tout en restant sous la rassurante protection des professionnels de santé. Certains couples immigrés se sentent à l’aise face à une telle offre, d’autres non. Cela est moins lié à une différence de niveau de médicalisation par rapport à leur pays d’origine qu’à leurs représentations culturelles des phases de la maternité : conception, gestation, accouchement, appropriation affective et sociale du nouveau-né par les parents et leurs proches. Ces « représentations », fondées sur des connaissances non scientifiques, impliquent, si l’on veut que tout se passe bien, le respect de rites et d’interdits. Leur rôle est de rassurer les futurs parents, de leur permettre de donner sens à leur nouveau statut et d’assumer leurs nouvelles responsabilités. Quand ces représentations traditionnelles entrent en contradiction avec le suivi du pays d’accueil, il serait bon que le personnel médical cherche un compromis avec elles plutôt que de les rejeter et de les stigmatiser…
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Auteur

Sociologue et anthropologue, docteur en ethnologie et en urbanisme, directeur de recherche émérite au CNRS. Dernier ouvrage paru : Parent, enfants, école : approches transculturelles (érès, coll. « L'école des parents », 2020).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/04/2021
- https://doi.org/10.3917/epar.639.0062

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