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La promotion des connaissances scientifiques sur le développement précoce de l’enfant est l’un des points forts du rapport sur les 1 000 premiers jours. Faut-il y voir un changement de paradigme dans la façon d’envisager le soutien à la parentalité ?Claude Martin : Non. Sur le plan historique, ce n’est pas la première fois que l’on cherche à disposer de preuves pour fonder l’action publique. Dès les années 1920, aux États-Unis, les psychologues comportementalistes ont mobilisé leurs théories et observations pour tenter de mettre en évidence les facteurs jouant dans le développement de l’enfant. Mais cette vision, trop mécaniste et réductionniste, a été battue en brèche après la Seconde Guerre mondiale au profit d’approches plus globales. Aujourd’hui, les disciplines convoquées ont évolué, mais on retrouve ce même désir d’établir des causalités.Antoine Guedeney : Effectivement, la mission assignée par le président de la République à la commission des 1 000 premiers jours était de faire des propositions immédiates, fondées sur des consensus scientifiques, pour favoriser le développement précoce de l’enfant. Mais la référence aux données scientifiques a aussi représenté un enjeu de communication : c’était une manière d’asseoir la légitimité des propositions et de désarmer les possibles oppositions.L’objectif « evidence based » revendiqué par la commission des 1 000 jours n’était-il donc qu’une façade ?A. G. : Non. Il y a eu au sein de la commission un réel souci de dépasser les opinions individuelles et de s’appuyer sur la littérature scientifique…
Auteurs

Pédopsychiatre, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Bichat-Claude-Bernard-Université de Paris. Il a participé aux auditions et débats de la commission sur les 1 000 premiers jours avant de la quitter, au début de l’été 2020. Il a dirigé, entre autres, Petite Enfance et Psychopathologie (Elsevier Masson, coll. « Les âges de la vie », 2014).

Sociologue, directeur de recherche au CNRS et titulaire de la chaire Enfance, bien-être et parentalité à l’École des hautes études en santé publique (EHESP). Il est l’auteur, entre autres, d’« Être un bon parent ». Une injonction contemporaine (Presses de l’EHESP, 2014).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 14/04/2021
- https://doi.org/10.3917/epar.639.0054

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