Jean-Louis Schlegel : Globalement par­lant, les caricatures sont un mode d’ex­pression fort intéressant. Elles constituent un corpus vaste et diversifié portant sur de très nombreux sujets, bien au-delà de la religion et de la politique. Sous des formes très variées, elles vont de la légère­té à l’ironie la plus mordante. Elles peuvent donc être un support approprié pour sen­sibiliser à la liberté d’expression, au même titre que la BD, la littérature ou le cinéma. Pourtant, celles de Charlie Hebdo, plus qu’estimables pour d’autres raisons, ne me semblent pas adaptées à cet objectif. En tout cas, ces dessins souvent obscènes et trash ne devraient pas représenter le sym­bole par excellence ou exclusif de la liber­té d’expression en France.Sébastien Ledoux : Depuis les attentats de 2015, on observe en effet une focali­sation sur les caricatures de Charlie Hebdo. L’institution scolaire y a elle-même contri­bué par le biais de l’injonction faite aux enseignants d’organiser au sein des écoles des hommages aux journalistes assassinés. Cela a conduit à associer de manière pri­vilégiée et quasi exclusive la liberté d’ex­pression – et plus largement ce qu’on appelle « les valeurs de la République » – avec les caricatures de Charlie Hebdo. Je pense qu’il y a aujourd’hui une nécessité pédagogique à faire un pas de côté pour sortir de cet enfermement. Il est important que les enseignants ouvrent le sujet de la liberté d’expression à d’autres supports (et d’autres formes).Jean-Louis Schlegel …