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Si l’esprit critique apparaît aujourd’hui comme un enjeu d’épanouissement personnel, il reste d’abord une condition indispensable au fonctionnement de la démocratie : « Depuis la Révolution, la France valorise un modèle de citoyenneté où il ne s’agit pas simplement d’adhérer aux principes républicains mais d’exprimer un point de vue autonome », rappelle Laurence De Cock, agrégée d’histoire-géographie et autrice d’un essai sur l’école. Dès 1792, le député Nicolas de Condorcet élabore un projet d’école républicaine capable de prendre en charge cette formation civique. Fidèle à l’esprit des Lumières, il défend un enseignement non dogmatique : « Ni la Constitution française ni même la Déclaration des droits ne seront présentées […] comme des tables descendues du ciel, qu’il faut adorer et croire. » Cette ambition restera pourtant un voeu pieux. Près de cent plus tard, Jules Ferry donnera corps au projet de Condorcet. Or, « vue du XXIe siècle, l’instruction morale et civique de Jules Ferry peut apparaître à certains comme un endoctrinement patriotique peu compatible avec l’esprit critique, reconnaît l’historien de l’éducation Sylvain Wagnon. Mais c’est oublier que l’école d’alors avait à combattre le pouvoir écrasant de l’Église ». Dans la deuxième moitié du XXe siècle, l’éducation civique perd peu à peu de son dogmatisme au profit de l’enseignement des valeurs démocratiques. Ainsi, le plan d’éducation Langevin-Wallon, rédigé en 1947 avec l’objectif de tirer les leçons de la Seconde Guerre mondiale, prévoit la mise en place de clubs de discussion visant à enseigne…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 12/01/2021
- https://doi.org/10.3917/epar.638.0041

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