Au moment où la question du développement de la 5G occupe le débat public, il n’est pas inutile de questionner notre usage des outils numériques, mais aussi celui qu’en font les entreprises qui nous fournissent leurs services. Si personne ne remet en cause leur importance dans le maintien des liens à distance, ils sont aussi fréquem­ment accusés de miner les liens familiaux. Un documentaire disponible depuis le 9 septembre sur Netflix, Derrière nos écrans de fumée, de Jeff Orlowski, pro­longe cette critique de façon alarmiste : les outils numériques, et notamment les réseaux sociaux, menaceraient aussi l’équilibre de la société, ruinant notre capacité à nous percevoir comme membres d’une même communauté.
Qui peut suffisamment bien connaître les effets des réseaux sociaux pour porter une telle accusation ? Ceux qui les ont fabriqués, bien entendu ! Et c’est ici que le film de Jeff Orlowski prend toute sa force : la charge est menée par ceux que l’on appelle des repentis. D’anciens ingé­nieurs, informaticiens et responsables de l’optimisation financière qui ont quitté la maison dont ils ont contribué à fabri­quer la puissance : Google, Facebook, Instagram, Snapchat, Pinterest.
Pour rendre les spectateurs plus sensibles aux propos tenus par ces repentis, des extraits de la vie d’une famille imaginaire illustrent le désastre humain que provoqueraient les réseaux sociaux sur les relations familiales. Même si, selon le documentaire, la façon dont ils nuisent aux communications de proximité n’est que la partie visible d’un iceberg dont la partie invisible, bien plus importante, serait constituée par les menaces qu’ils font courir à notre capacité à vivre en bonne entente avec nos voisins, nos collègues de travail et, au-delà, l’ensemble de la famille humaine…