- Les grands-parents puisent-ils des bénéfices dans cette double implication ?
- La richesse des situations et des sollicitations n’a-t-elle pas pour revers le risque d’une grande fatigue ?
- Comment les grands-parents vivent-ils le fait de devoir parfois arbitrer entre ces deux générations ?
- Justement, les grands-parents issus de ces dernières ne sont-ils pas plus « réquisitionnés » que les autres ?
Article
Est-ce la première fois dans l’histoire que les grands-parents sont ainsi « pris en tenaille » entre deux générations aux exigences si lourdes ?Gérard Neyrand : Oui, ce phénomène est assez nouveau et essentiellement dû à l’extraordinaire allongement de l’espérance de vie. Celle-ci a progressé de trente ans depuis le début du XXe siècle ! Sans doute pour la première fois dans l’histoire de la vie humaine, quatre générations peuvent coexister assez durablement. Celle de ces grands-parents issus du babyboum est nombreuse, en bonne santé et globalement assez à l’aise matériellement : elle se retrouve donc naturellement sollicitée par les trois autres.Béatrice Copper-Royer : Les grands-parents d’aujourd’hui ont bénéficié de la contraception dans leur jeunesse : construire une famille a donc été pour eux un choix mûrement réfléchi. Cela les a conduits à instaurer un lien de grande proximité avec leurs enfants. De leur côté, ces enfants ayant beaucoup reçu de leurs parents espèrent continuer à recevoir beaucoup quand eux-mêmes deviennent parents ! Autrement dit, leurs attentes en matière de disponibilité et de soutien sont fortes.Gérard Neyrand : Le contexte économique et social a également son importance. Dans notre société néolibérale où la précarité touche des personnes de plus en plus nombreuses, l’État social a tendance à reporter sur la société civile et les familles certaines charges qu’il assumait au temps des Trente Glorieuses. Et les grands-parents se retrouvent en première ligne pour pallier ces déficiences dans la prise en charge de la dépendance liée au grand âge et dans la garde des jeunes enfants…
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Auteurs

Psychologue clinicienne, spécialiste de l’enfance, de l’adolescence et de la famille, elle est l’auteure de nombreux ouvrages dans lesquels elle décrypte les enjeux contemporains auxquels sont confrontés les parents. Entre autres Vos enfants ne sont pas des grandes personnes (Albin Michel, 2010) et, plus récemment, Grands-parents, le maillon fort, avec la journaliste Marie Guyot (Albin Michel, 2018) ainsi que Et la famille recomposée ? Pas facile mais possible ! (Solar Éditions, 2019).

Sociologue de la vie privée et de la famille, il étudie l’impact des mutations sociales sur les sphères intimes. Dans ses multiples ouvrages, il aborde différentes dimensions de la vie familiale, de la conjugalité, de la parentalité, de la grand-parentalité et des rapports intergénérationnels. Derniers ouvrages parus : L’Amour individualiste. Comment le couple peut-il survivre ? (érès, 2018) et La mère n’est pas tout ! (érès, coll. « 1001 BB », 2019). Il est professeur émérite à l’université de Toulouse.
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/10/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.637.0052

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