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«On pense souvent ces dénominations anecdotiques alors qu’elles donnent à voir l’essentiel des transformations sociales contemporaines », rappelle l’ethnologue Martine Segalen, qui a réalisé dès la fin des années 1990 l’une des premières enquêtes d’ampleur sur la grand-parentalité. Parmi ces évolutions, l’allongement de l’espérance de vie apparaît comme la plus évidente : « Pour ma mère, se faire appeler mamie ou mémé était impensable, car c’est ainsi qu’on appelait déjà sa mère, qui était encore en vie, et sa belle-mère, dont elle avait été très proche », raconte Marie. Outre la multiplication des familles à quatre générations, autrefois exceptionnelles, les recompositions familiales ont favorisé la diversification des appellations : « Quand une famille compte cinq, voire six grands-parents, ils veulent être papi-vélo, mamie-lunette ou papi-bleu pour qu’on ne les confonde pas », précise Martine Segalen.
Cette volonté de personnaliser son surnom traduit une autre mutation sociale majeure, la reconnaissance du droit à être considéré comme un individu unique : « Aujourd’hui, chacun souhaite faire des choix qui reflètent sa personnalité. Cela s’observe dans le refus de fêtes de mariage standardisées, mais aussi dans les surnoms des grands-parents », explique l’ethnologue. C’est ainsi que la mère de Claire a opté pour mamie Canou, du surnom que son père lui donnait quand elle était enfant ; tandis que celle de Céleste a choisi yaya, version grecque de grand-mère, en hommage à un pays où elle a longtemps vécu…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/10/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.637.0049

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