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Dans tous les pays d’immigration, on propose aux allophones qui ont obtenu le droit de s’installer de façon plus ou moins durable d’apprendre la langue nationale. Dans certains d’entre eux, cet apprentissage est même obligatoire et pris en charge par l’État. C’est le cas aux Pays-Bas depuis la loi dite WIN (Wet inburgering nieuwkomers) du 9 avril 1998 sur l’intégration des nouveaux arrivants. Le parcours d’intégration, dont l’apprentissage du néerlandais fait partie, vise à « développer l’autonomie sociale du nouvel arrivant, ainsi que ses capacités de formation ultérieure et d’accès au marché du travail ». La maîtrise linguistique est d’une grande importance, en particulier pour les femmes, qui ainsi dépendent moins de leur mari ou de leurs enfants dans la vie quotidienne.
En France, la loi de 2006 qui oblige les migrants non ressortissants de l’Union européenne à signer un contrat d’accueil et d’intégration comprend aussi une obligation d’apprentissage du français sanctionné par un diplôme, le dilf.
Cette loi, conçue dans les années de raidissement autour de la question de l’immigration, ne vise qu’à fournir les bases de la langue. Destinée à « parer au plus pressé », elle est le reflet d’une politique qui se contente d’une conception étroite de l’apprentissage de la langue, sans l’intégrer dans une vision plus large du devenir des migrants dans notre société, et ignore les enjeux de la maîtrise linguistique dans les rapports interpersonnels, en particulier au sein des familles…
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Auteur

Sociologue, anthropologue, ethnologue et urbaniste, directeur de recherche émérite au CNRS. Dernier ouvrage paru : Islam en France, Islam de France (La Documentation française, 2016).
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/06/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.635.0062

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