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C’est un phénomène qui traverse les générations : chaque fois qu’une culture populaire émerge chez les jeunes, elle suscite la panique des adultes. Ainsi, les romans ont été jadis soupçonnés de pervertir la jeunesse et les salles de cinéma de favoriser la délinquance. Sans faire exception, les fantasmes que suscite la culture numérique sont à l’image de leur temps : les « écrans » transformeraient le cerveau des enfants. Si les plus optimistes y voient une chance pour l’humanité, d’autres, à l’instar du neuroscientifique Michel Desmurget, dénoncent « une sombre mécanique à fabriquer des crétins digitaux ». Entre ces deux extrêmes, la réalité scientifique semble plus banale : « Il n’existe aucune preuve expérimentale démontrant que le fait de vivre avec les nouvelles technologies entraîne des changements fondamentaux dans l’organisation de notre cerveau », affirme dans son dernier livre la chercheuse en sciences cognitives Elena Pasquinelli. Et ce serait bien là le problème ! Car de même que notre goût pour le sucre est hérité d’une lointaine époque où les famines étaient régulières, notre cerveau se laisse happer par la moindre alerte : une vigilance bien utile pour échapper à un ours des cavernes… mais moins contre les notifications de message qui nous envahissent aujourd’hui. Doit-on en conclure que l’abus d’écrans rend le cerveau des enfants malades, comme notre surconsommation de sucre induit obésité et diabète ? C’est ce que clame la médecin de PMI Anne-Lise Ducanda, qui tente depuis 2017 de faire reconnaître un syndrome de surexposition précoce aux écrans qu’elle estime responsable de troubles du langage et du comportement tels qu’ils pourraient être confondus avec de l’autisme…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/06/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.635.0044

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