Article
Pendant des décennies, le modèle du cours magistral a primé en France : le professeur détenait le savoir et les élèves écoutaient. Puis la pédagogie a évolué et les enseignants ont réalisé qu’un élève passif apprenait moins bien ; que le silence, considéré comme un indicateur de concentration, « est tout autant signe de rêverie, de passivité ou d’ennui, alors qu’un travail de recherche et d’élaboration qui se fait en groupe [...] fait du bruit, mais c’est celui de la pensée », note Danielle Alexandre, professeure de français et formatrice1. Dès lors, la participation des élèves est requise. Mais la parole en classe se trouve prise en étau entre deux impératifs : l’un « répressif » (maîtriser les bavards) et l’autre, « performatif » (faire progresser le cours). Et elle est si contrainte par le temps qu’elle en devient pauvre et qu’il ne reste aux élèves que de très courts moments oraux, qui se limitent souvent à des corrections d’exercices ou à des réponses brèves. L’experte poursuit : « La pensée n’a pas l’occasion de se développer pour exprimer la complexité. Cela devient pour certains élèves un jeu de devinettes qui consiste à trouver le mot exact attendu par le professeur. » Certes, l’élève marque des points de participation, mais il n’apprend pas à structurer sa pensée, ni à argumenter !
Mais il ne suffit pas de décider de donner la parole aux élèves pour qu’ils s’en emparent. Beaucoup ont tellement intégré l’idée qu’il faut avoir la bonne réponse pour parler que, paniqués à l’idée de se tromper, ils vivent l’oral comme une torture …
Plan
Auteur
Sur un sujet proche
- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/06/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.635.0040

Veuillez patienter...