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Grâce aux recherches menées par les éthologues, nous savons désormais que les animaux sont capables d’une authentique communication, parfois même très sophistiquée. Pourtant, celle-ci reste intrinsèquement différente du verbe humain. « Alors que la communication animale se limite à transmettre ce qui est vu, entendu, senti ou désiré, le langage permet à l’être humain d’interpréter le monde et de le penser, pas seulement de décrire ce qu’il en perçoit. Il lui octroie aussi le pouvoir de le raconter et l’imaginer autrement qu’il n’est, notamment par le biais de la poésie ou la fiction. Par la parole, l’homme est du côté des créateurs et pas des créatures », avance Alain Bentolila, linguiste et professeur à l’université Paris-Descartes. « Certains pensent que le verbe vient à l’humain en grandissant. C’est le contraire. Il faut parler pour grandir, car le langage permet à l’homme de devenir maître du monde », insiste-t-il. Autrement dit, la maîtrise des mots nous rend puissants, elle nous arme pour avancer dans la vie et agir sur notre environnement.
À l’aube de l’existence, c’est grâce au langage qu’un petit enfant peut se construire une identité propre. Les mots lui donnent les moyens d’exprimer plus précisément que les pleurs ses besoins, ses désirs, ses goûts, ses sentiments et émotions. Et ainsi de s’affirmer comme un être original, distinct de ses parents. « Dans un premier temps, ce sont les parents qui, à travers le “tu”, disent à l’enfant comment ils le voient et attestent de qui il es…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/06/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.635.0034

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