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« J’ai toujours été un “bon petit soldat” : brillantes études, job passionnant, sportive, trois enfants rapprochés qui marchaient bien à l’école, témoigne Estelle, consultante. Je me libérais le mercredi pour qu’ils fassent de la musique, de l’athlétisme. Le week-end, nous courions de la MJC au stade… Ce modèle a marché jusqu’aux 13 ans de mon fils, qui avait du mal au collège. J’étais sur son dos pour les devoirs. Je hurlais ! Et mon mari était pire… À cette époque, l’aînée (15 ans) a voulu arrêter la compétition sportive. Le fait que mes enfants “résistent” à ce que j’avais programmé, les négociations sans fin avec eux, les disputes de couple, j’ai vécu cela comme autant d’échecs. Mon idéal de famille s’effondrait : je détestais les parents que nous devenions, hyperexigeants et tendus. »
Mais avouer qu’être parent est source de souffrance, c’est briser un puissant tabou. Professeure de psychologie à l’université de Louvain et auteure de deux ouvrages sur le burn-out parental, Isabelle Roskam sait le prix de ce premier pas : « Les parents ont tellement honte de ce qu’ils ressentent qu’ils vont très loin dans l’épuisement avant de consulter ! La preuve ? Le nombre de mères qui me disent : “Si c’était à refaire, je ne ferais pas d’enfant. Je me sens coincée dans un rôle qui ne m’épanouit pas.” » Dire sa honte fait partie de la « guérison ». En effet, on est rarement fier du parent qu’on est devenu car, quand on est épuisé, on agit comme un automate, on a des gestes ou des mots malheureu…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/02/2020
- https://doi.org/10.3917/epar.634.0060

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