Dans la plupart des sociétés, être parent est d’abord un état qui donne un certain statut, des droits et des obligations. Le simple fait d’avoir procréé fait de vous une personne respectée, par les enfants auxquels vous avez donné la vie, bien sûr, mais aussi par votre famille et la société. Plus que le mariage, c’est la maternité ou la paternité qui détermine la reconnaissance sociale. Dans certaines cultures, ce changement de statut se traduit même par un changement de nom. Dans le monde arabe, par exemple, les mères se font appeler oum (« mère ») Untel (prénom de leur premier enfant) et les hommes abou Untel (prénom de leur aîné). Cette kunya, nouveau nom forgé à partir de l’état de parent, témoigne de l’importance de se faire connaître et reconnaître en tant que géniteur par la société et se retrouve dans bien d’autres cultures. Dans cette logique, les compétences parentales ne sont jamais remises en question. On ne peut être qu’un bon parent. Si certains ont des difficultés, la famille étendue, toujours proche, vient les épauler. Le groupe pallie ainsi les défaillances des individus, quitte à leur proposer de confier leurs enfants à d’autres membres de la famille, plus expérimentés, sans les désavouer pour autant. L’objectif de la procréation est d’apporter de nouveaux membres au groupe dont on fait partie et celui de l’éducation d’amener ces derniers à y trouver leur place, chaque adulte participant plus ou moins à cette intégration.
Les pays riches, marqués par l’esprit de compétition, ont découvert que, pour être parent, il ne suffisait pas d’être géniteur et d’assurer l’éducation de base des enfants mais qu’il fallait également acquérir des « compétences », être « performant » afin de « réussir » l’éducation de ses enfants, c’est-à-dire leur permettre d’accéder à un statut social satisfaisant et les aider à s’épanouir dans tous les domaines tout en intégrant les règles de la société…